Les romans retraçant des vies d’artistes sont des types de livres que j’apprécie souvent. Les questions tournants autour de la création artistique me passionnent et me rappellent mon premier amour, l’histoire de l’art. Magdaléna Platzova propose avec Le saut d’Aaron, traduit par Barbora Faure, l’histoire romancée de Friedl Dicker-Brandeis, une artiste autrichienne morte à Auschwitz et proche du Bauhaus.



Elle recherchait dans l’art ce que vous cherchez en Dieu. La vérité.



A travers plusieurs récits, Magdalena Platzova dresse le portrait de Berta Altman, double de l’artiste Friedl Dicker-Brandeis, entre Vienne, Weimar, Prague et Berlin. Elle fait le choix de se concentrer sur son parcours artistique et non sur sa déportation. L’accent est mis sur les choix de Berta pour devenir une artiste et une femme libre. Elle s’engage dans des combats esthétiques mais aussi idéologiques. Elle fait partie de l’école du Bauhaus et créé à partir de plusieurs médiums différents mais l’histoire de l’art semble l’avoir oublié. En parallèle de ce récit et des extraits des carnets de Berta, nous suivons une équipe de tournage israélienne qui entreprend de réaliser un documentaire sur sa vie. Pour cela il rencontre Krystyna, qui fut amie avec l’artiste, ainsi que Milena sa petite fille. Leur recherche permettra de déterrer des secrets enfuis.


Le premier chapitre du livre décontenance. On peine à savoir où l’autrice veut nous mener. Puis progressivement je me suis pris de tendresse pour Berta et le charme a opéré. Le récit de sa vie, mêlée aux extraits de ses carnets, questionne sur la création artistique mais aussi sur l’émancipation des femmes. Des petites phrases parlant d’allaitement ou d’équilibre entre création et maternité m’ont particulièrement touchée et fait oublier certaines maladresses de construction.


Ce que l’histoire à reconnu de Friedl Dicker-Brendeis ce sont les cours de dessins donnés aux enfant dans le camp de Terezin mais l’autrice choisi de mettre l’accent sur l’art. Elle refuse de parler de ce qui est attendu, de l’horreur et de la mort. La fin tragique de l’artiste est suggérée mais pas racontée. C’est l’art qui est au cœur de ce roman ainsi que tous les questionnements qu’il suscite. L’école de Weimar, qui donne naissance au Bauhaus, est le terrain de débats acharnés et radicaux. Le premier directeur de l’école entendait réunir tous les arts dans l’objectif de bâtir et d’abolir la différence entre artiste et artisan. Les édifices conçus et décorés par les artistes du Bauhaus, devaient servir à ceux qui les utilisait. Ils tendaient vers le mythe de l’art total. Même si l’école de Weimar subit les affres de l’histoire et périclite rapidement, l’influence de ces intenses années de débats artistiques a une influence sur les décennies à venir. Il est à l’origine du style international en architecture et continu d’imprégner les nouveaux édifices dressés dans nos villes. Les années que Friedl passe là-bas sont très riches sur le plan de la recherche artistique. Peintre, elle développe également un travail en reliure, en tissage ou encore en couture. Magdalena Platzova nous présente son personnage à ce moment de sa vie, et explore avec Berta l’intime de l’artiste.


Ce que l’histoire à reconnu de Friedl Dicker-Brendeis ce sont les cours de dessins donnés aux enfant dans le camp de Terezin mais l’autrice choisi de mettre l’accent sur l’art. Elle refuse de parler de ce qui est attendu, de l’horreur et de la mort. La fin tragique de l’artiste est suggérée mais pas racontée. C’est l’art qui est au cœur de ce roman ainsi que tous les questionnements qu’il suscite. L’école de Weimar, qui donne naissance au Bauhaus, est le terrain de débats acharnés et radicaux. Le premier directeur de l’école entendait réunir tous les arts dans l’objectif de bâtir et d’abolir la différence entre artiste et artisan. Les édifices conçus et décorés par les artistes du Bauhaus, devaient servir à ceux qui les utilisait. Ils tendaient vers le mythe de l’art total. Même si l’école de Weimar subit les affres de l’histoire et périclite rapidement, l’influence de ces intenses années de débats artistiques a une influence sur les décennies à venir. Il est à l’origine du style international en architecture et continu d’imprégner les nouveaux édifices dressés dans nos villes. Les années que Friedl passe là-bas sont très riches sur le plan de la recherche artistique. Peintre, elle développe également un travail en reliure, en tissage ou encore en couture. Magdalena Platzova nous présente son personnage à ce moment de sa vie, et explore avec Berta l’intime de l’artiste.


Les parties du roman où nous suivons l’équipe de tournage m’ont moins emportées. Elles questionnent le poids du passé et ce qu’on decide de faire des mémoires traumatiques. L’écriture est belle mais à mon sens le récit est un peu en deçà du reste. J’ai néanmoins pris beaucoup de plaisir à découvrir cette artiste méconnue et au destin atypique. Je crois que la littérature à ce rôle aussi de nous ouvrir les yeux sur les oubliés de l’histoire. Berta / Friedl fut une très belle rencontre et une invitation à en connaitre d’avantage sur son travail.


Merci aux éditions Agullo pour cet envoi.

Anaïs_Alexandre
7

Créée

le 26 déc. 2021

Critique lue 31 fois

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