Depuis Le chapeau de Mitterand (délectable), les lecteurs d’Antoine Laurain savent que ses romans, gorgés d’humour léger, permettent de passer un moment fort agréable. Le service des manuscrits (titre plat auquel aurait peut-être préférable celui de Les fleurs de sucre, plus alléchant) part sur d’excellentes bases, mélangeant étude de mœurs du petit monde littéraire et amorce d’enquête policière. Rien à dire au début, c’est mené avec allégresse et vivacité et se dévore avec appétit. Le roman est court et offre cependant peu de profondeur dans les portraits psychologiques de ses différents personnages, voire même des incohérences dans le cas de Violaine, son héroïne, mais cela n’a qu’une importance relative puisqu’on est là pour une lecture synonyme de plaisir. Là où le bât blesse tout de même c’est dans le côté bâclé du dénouement, lié à une solution (irrésolue) de l’énigme qui n’en est pas vraiment une. C’est bien de garder un peu de mystère mais là, en l’occurrence, on se demande si l’auteur ne se fiche pas un peu de nous. Il est probable que la partie policière du livre intéresse sans doute moins Laurain que la description amusée du microcosme de l’édition mais ce n’est pas une raison pour nous laisser sur une conclusion aussi insatisfaisante qu’expédiée de manière à rendre toute la résolution de l’intrigue aussi peu crédible et inconséquente que possible.