Ce grand marin, cela pourrait fort bien être la narratrice de cette histoire inclassable, la frêle Lili, venue de France s'engager sur des bateaux de pêche en Alaska. Des bateaux de pêche remplis d'hommes, qui traînent aussi sur les quais quand ils cherchent l'embauche, qui se saoulent dans les bars quand la pêche est déchargée, qui tournent tous plus ou moins autour de cette mystérieuse Lili, qui bizarrement fait le poids...
Si cette lecture m'a passionnée au début (les scènes de description de la pêche, de la navigation, et même de la "préparation" des poissons sont littéralement à couper le souffle), j'ai trouvé qu'à un certain moment le roman s'enlise dans la litanie des rencontres (tous des mecs à gros bras, qui vivent à la dure et aiment picoler, on les confond tous à la longue), sans compter qu'à mon sens l'histoire "d'amour" avec le grand marin (qui n'est pas la narratrice en fait !) n'apporte rien, traitée à la fois de façon crue et mièvre par moments. Le style littéraire, haché, au présent de narration vif et efficace, colle bien à l'ambiance, mais se révèle également fatigant à la longue...
Comme je l'ai lu dans d'autres critiques, au final je pense que ce qui m'a déçue dans ce roman, voire agacée à la lecture, c'est le côté extrême et jusqu'au-boutiste de tout : Lili fait tout à fond, elle se soigne elle-même, elle ne s'engage pas, elle est comme un homme, super ; les marins boivent à en crever, super ; les descriptions de la violence de la pêche, le côté sanguinolent et macabre est comme une litanie, l'auteur s'en repaît, super ; le texte est haché, vif, rude, super... Mais tout cela cumulé, au final je me suis un peu énervée contre ce livre qui, à mon sens, en fait trop lui aussi ! Néanmoins, je reconnais que pour un premier roman, c'est un exercice de haute volée, simplement je m'attendais à davantage d'émotions et de sensation, au final la froideur et la rudesse ont gagné.