Décidément, la jeune Caterina Bonvicini se complait dans les ambiances tristounettes, qu'elle s'efforce toujours de relever avec sa plume ironique, faussement insouciante. Après L'équilibre des requins (excellent souvenir), voici Le lent sourire, évocation de la vie d'un groupe de trentenaires frappé par la mort d'une des leurs, vaincue par le cancer. Le lent sourire, c'est celui de cette jeune femme sur son lit d'hôpital, dernière coquetterie avant le grand saut. Le livre est racontée par Clara, son alter ego, avec laquelle elle entretient une relation fusionnelle depuis le collège. La narratrice surfe entre présent et souvenirs, faisant resurgir des scènes dignes d'une comédie italienne. Mourir à trente ans ? Ce n'est pas sérieux, ce n'est même pas envisageable. Alors, elle fait l'éloge de l'amitié, la Bonvicini, témoigne des moments doux qui ne durent pas, des instants fous qui restent dans la mémoire. Nous nous sommes tant aimés, on pense à Scola, bien sûr, quand on est heureux et qu'on ne le sait pas. A ce récit, enlevé et délicat, Caterina Bonvicini colle en parallèle une autre histoire, celle d'un vieux chef d'orchestre antipathique, un certain Ben, qui voir sa dernière compagne, soprano brillante, décliner et s'incliner aussi devant la Camarde. Mourir à 30 ans, ce n'est pas sérieux, même pas envisageable. Clara et Ben se rencontrent. Début d'idylle ? C'est à voir. Un nouveau départ, en tous cas. Il n'est pas mal du tout, ce Lent sourire, mais son aspect artificiel gêne quelque peu. L'émotion est tenue à distance, les ficelles trop apparentes, mais bon, ne chipotons bas, le livre se dévore sans déplaisir aucun. Et on peut même l'aimer. Un peu.