La première partie du roman (plus un récit à mon sens) est la plus intéressante à mes yeux. Le souffle romanesque de l'écriture de Tahar Ben Jelloun évoque avec une grande force la sexualité hors du commun de ce couple "mixte" atypique, décrié par les sociétés sénégalaise et marocaine. On se dit que cet homme est courageux car enfin quand même il décide d'épouser cette femme noire si sensuelle et de la ramener chez lui à Fes où habitent son épouse légitime et ses enfants. Mention spéciale à son fils Karim, un enfant pas comme les autres avec une grande sensibilité et un coeur gros comme ça qui est pour moi le pilier de la famille ET du roman. Puis on perd de vue la question du désir qui se dilue dans les tracas domestiques, la sexualité se partage entre procréation et jouissance d'un côté, frustration et inhibition de l'autre et devient moins centrale à mesure que tout ça s'inscrit dans la question du racisme de la société "blanche" marocaine. Le couple a des jumeaux, un Noir comme sa mère, l'autre blanc comme sa mère, mais on passe vite, eux-mêmes ont bientôt des enfants et là on s'y perd un peu...