Après avoir été fascinée par "Jude l'Obscur", je continue mon périple hardyen avec "Tess d'Urberville", adapté au cinéma par Polanski. Au XIXe siècle dans le Wessex, les modestes Durbeyfield apprennent par hasard être apparentés à une très ancienne et riche famille, les d'Urberville. Souhaitant un beau mariage pour leur fille aînée Tess, ses parents l'envoient se faire employer chez la prétendue parente. Au lieu de ça elle tombera dans les rets de son fils, un grossier séducteur qui l'abandonnera après l'avoir mise enceinte (ellipse narrative). L'enfant mourra très peu de temps après et le géniteur disparaîtra dans la nature.
A partir de là commence vraiment le roman : Tess va devoir gagner son pain à la seule force de ses bras mais qu'importe, Tess est forte et fiable, et appréciée de ses employeurs car le déshonneur inscrit sur son front en fait une esclave corvéable à merci. Puis Tess va réellement tomber amoureuse mais son passé la hante et son abnégation est telle qu'elle se refuse un bonheur qu'elle estime ne pas mériter.
Tess d'Urberville c'est le portrait d'une femme naïve, belle et peu instruite, qui se laisse manipuler par les hommes, une éternelle victime qui ne trouve la paix qu'en se sacrifiant, un éternel objet de désir duquel on se détourne aisément, une travailleuse acharnée qui n'existe que dans le regard des autres, un soutien de famille inestimable.
Si je reconnais que le comportement de Tess m'a parfois horripilée, car je me demandais constamment ce qui allait lui tomber sur le coin du nez, j'ai pourtant adoré ce roman empli de descriptions de lande battue par les vents sensible et romantique, cette héroïne qui à 20 ans à peine se pare du syndrome de l'imposteur pour mieux refuser de vivre, oui, elle m'a touchée car Tess est la spécialiste du non-choix et sa nature passionnée en fait une proie idéale, une girouette soumise au bon vouloir de ces hommes qui tournent autour d'elle comme autant de vents mauvais... jusqu'à ce qu'elle commette l'irréparable.