Qui se souvient d’Alexandre Beliaev ? J’avoue l’avoir oublié dans notre ouvrage sur la science-fiction. Quelle erreur ! Avec ce recueil de nouvelles, en version bilingue ce qui ravira les étudiants en russe, espérons que cet oubli sera vite réparé. Car Alexandre Beliaev, écrivain russe (1884-1942) est un orfèvre de l’écriture de SF, ciselant des récits pleins de poésie, d’originalité, d’humanisme et de force qui s’éloigne des standards de l’époque. Ici, la science est mise en avant, dans tout ce qu’elle peut posséder de nécessaire, d’intelligent, de progressiste, mais également de dangereux lorsqu’elle est placée entre les mains de gens incompétents. Jouant avec les paradoxes, sans jamais chercher à nous placer dans une anticipation trop lointaine, ces quatre nouvelles nous entraînent dans un univers passionnant où chaque thème renvoie le lecteur à lui-même, à ses interrogations, à ses craintes, à ses attentes. Chaque récit est à la fois dépaysant et identifiable, et j’ai pris un grand plaisir à me plonger dans cette science-fiction qui n’a pas vieilli, contrairement à la plupart des récits anglo-saxons de l’époque. On est donc plus proche de Borges ou de Buzzati que de E.E. Smith, ce qui ravira les amateurs d’excellente littérature.