Loin de son habituel univers humoristique, Anne Fine démontre ici l’étendue de son talent littéraire.
Le Passage du Diable est un roman étrange, dans la veine du roman gothique, avec sa vieille bâtisse pleine de terribles souvenirs, ses personnages fragiles (on pleure beaucoup dans ce livre), troublants, effrayants, ou si délicieusement classiques qu’ils en sont terriblement attachants (les Marlow, merveilleuse famille de fiction qui aurait donné envie de se faire adopter si l’on avait vécu au XIXème siècle).
Prenant le temps de camper décors, intrigues et caractères, Anne Fine joue à fond la carte de la référence littéraire. Son style lui-même, extrêmement soigné sans être précieux, évoque sans peine les plumes de Dickens ou du Henry James version Tour d’écrou.
Nous sommes très loin des potacheries joyeuses de Brochettes à gogo ou d’Ivan le terrible. Normal, le roman ne s’adresse pas du tout au même public.
Livre dont l’emballage suranné est pleinement assumé sans paraître poussiéreux, Le Passage du Diable est un hommage réussi au roman fantastique anglais, plein de finesse, qui joue moins sur la terreur que sur la tension d’une atmosphère devenant subtilement pesante et inquiétante au fil des pages.
Par son niveau de langue et son classicisme affirmé, un roman à conseiller à de très bons lecteurs à partir de 13 ans… et à tous les amoureux de ce genre si particulier, quel que soit leur âge !