Le pire, même pour les meilleurs

Ce livre est très gênant.
Il met à plat mon exacte opinion sur l'état de notre regrettée Éducation Nationale.
Il est rédigé par une journaliste, Natacha Polony, dont je me risquerais à dire que l'appartenance politique importe peu, tant ses écrits sont empreints de pragmatisme et de tristes constats avant d'être militants.
Elle écrit sur un blog du Figaro, journal avec lequel j'entretiens peu d'affinités, là aussi peu importe au fond.

Elle rappelle d'ailleurs à plusieurs reprises que la situation actuelle n'est que le résultat de plus de 30 ans de politiques finalement aussi cohérentes que multipartites, visant à faire de l'enseignement une clownerie, un spectacle grotesque dans lequel l'enseignant n'a plus qu'un rôle de figurant, et dans lequel les enseignements sont vidés de toute connaissance pour se concentrer sur le savoir-faire, maître-mot de notre société où l'employabilité est le seul objectif défendable semble-t-il.

Je ne vais pas paraphraser à longueur de critique, là où tout est déjà fort bien dit dans ce court livre.
Une concision bienvenue pour un sujet aussi important, même si j'irais presque plus loin en disant que le contenu d'un billet de blog aurait sans doute suffi, d'ailleurs, et que par moment on a l'impression que l'auteur délaye et répète (mais la pédagogie c'est répéter, et encore répéter, je l'admets).

Non vraiment, certaines phrases m'ont laissé la désagréable impression que Polony lisait en moi, et le seul ajout que je verrais à faire est cette détestable attitude, grandissante chez de nombreux parents, de prendre le parti de leur enfant pour s'opposer aux enseignants, là où ils devraient bien au contraire travailler ensemble pour l'avenir de l'enfant. C'est d'une tristesse.

Outre l'impression d'avoir un peu délayé la sauce, j'en veux donc aussi et surtout à cet ouvrage pour me faire sentir si vieux et conservateur. Oui, bordel, c'était mieux avant, et j'espère qu'on parviendra à réinsuffler un peu de ce "bon vieux temps" dans notre système mourant.
Je ne prône pas le retour des châtiments corporels, mais l'enseignant devrait jouir d'une certaine autorité en classe pour transmettre son savoir avec sérénité, et pas s'occuper davantage de ne pas recevoir une paire de ciseaux Mapa (ou un couteau à cran d'arrêt, il faut vivre avec son temps) dans le dos que de la teneur de son cours.
Je ne dis pas qu'il faut ré-apprendre le tableau périodique des éléments, mais peut-être que l'apprentissage par coeur est une étape nécessaire avant d'apprendre à apprendre par soi-même, oui.
Je paraphrase à nouveau.

Bref.
Toute personne en ayant quelque chose à carrer de l'éducation, des futures générations et donc de NOTRE avenir, peut trouver ce bouquin intéressant.