Soyons clairs, ma capacité de concentration actuelle est faible : lorsque ma supérieure me donne des instructions, je ne vois que son poil de nez qui dépasse allègrement de sa narine droite. Mes capacités intellectuelles du moment ? Elles ont été en meilleure forme, les cocottes. Et mon moral dans tout ça ? "Ha Ha" clamerait Nelson des Simpson.
Non, je remettrai à plus tard ma douzième tentative pour essayer de dépasser la page 3 de La Métamorphose de Kafka.
C'est dans cet état plus figue que raisin, vadrouillant dans les allées d'un grand magasin qui vend de moins en moins de livres et de plus en plus d'articles ménagers que je tombe sur ce petit bouquin, à la couverture assez mièvre, avec tasses pour fan de brocantes et une police d'écriture un peu précieuse. Mais le titre, bon sang ! C'est quoi cet endroit ? Parce que là, voyez-vous, je donnerais mon royaume (un 45m2 avec chat adorable) pour y faire un tour.
Je lis la 4ème de couverture et j'y apprends que l'héroïne de 36 ans (tiens tiens, mon âge) traverse une période sacrément douloureuse (re tiens, tiens) avant de trouver par hasard ce fameux endroit, un café.
Bon, me dis-je, un livre de moins de 200 pages, au prix modique, et avec cette protagoniste, let's go Marco !
Tel un bon gros chocolat chaud, j'y ai trouvé du réconfort, dans ce livre. Et puis, au fil des pages, vers le fond de la tasse, on commence à trouver ça un peu écœurant, et puis ça refroidit vite un chocolat chaud, hein.
On comprend à mille lieues où l'intrigue va nous mener et comment les personnages vont évoluer. Iris (l'héroïne) et moi, on est dans le même état au début du livre. Mais au bout des 200 pages, c'est la méga-ultra happy end pour elle. En quelques semaines, elle a tout compris de la vie, elle fait des rencontres magiques, elle se métamorphose (mais pas en insecte), elle renaît. Pas moi. Sal*pe d'Iris.
Un roman "feel good", parsemé de clichés mais aussi de quelques phrases comme
D'après les spécialistes, nous élaborons chaque jour environ soixante mille pensées. Positives ou négatives, banales ou profondes, il n'y a pas à les juger : elles sont comparables à des nuages qui passent. (...) C'est pourquoi, lorsqu'une idée t'angoisse, apposes-y l'étiquette "pensée" et laisse-la filer.
D'aucuns la trouveront ridicule, mais cette dernière phrase, je ne l'oublierai pas. Le livre en lui-même, oui, je l'oublierai. Mais pas le fait qu'il fut le premier à me redonner le goût de la lecture et le goût tout court.