Ce livre est en fait une histoire vraie, qui a fait couler beaucoup d’encre en son temps.
Marseille, juin 1974, une fillette est enlevée et est retrouvée morte deux jours plus tard. Tout semble montrer que Christian Ranucci est le coupable. Tout ? Apparemment non, et c’est là où le bât blesse... Malgré cela, il passe deux ans en prison, jusqu’à ce que le verdict tombe : Christian est condamné à mort ; le 28 juillet 1976, il est guillotiné. (Il est l’un des derniers condamnés à mort en France.)
Gilles Perrault revient sur cette histoire qui fait montre d’une grande part d’ombre, de doutes et comporte son lot de problèmes : incohérences, simples coïncidences, procédures non respectées, procès-verbaux mystérieusement absents, témoins non entendus, preuves mises de côté, presse pas toujours bien informée et trop pressante... On comprend que ce méli-mélo ait fait couler autant d’encre à l’époque, et, puisque la culpabilité ou l’innocence de Christian Ranucci n’a toujours pas été prouvée à ce jour, le débat est encore ouvert.
Le Pull-over rouge est un témoignage (qui semble*) criant de vérité, principalement parce que l’auteur a choisi de ne pas (trop) novelliser l’histoire et utilise le plus souvent des citations reprises de l’instruction, des procès-verbaux, de la presse ou de la correspondance que Christian a eue avec sa mère et ses avocats.
Le tout est donc (censé être*) le reflet des faits et de la réalité. Lire des procès-verbaux ou témoignages d’avocats qui expriment clairement qu’à plusieurs reprises les droits de Christian n’ont pas été respectés, que des procédures n’ont pas été faites dans les règles de l’art et que certains témoins ou éléments ont volontairement été mis de côté est absolument effarant... Souvent j’ai eu de la peine à me rappeler que tout cela était vrai et que malgré tous les vices de procédures présentés, Christian Ranucci a été condamné à mort...
Parmi ces preuves gênantes qui n’ont pas été résolues : un pull-over rouge, retrouvé sur la scène de crime. Il n’appartient pas à Christian et plusieurs témoins ont dit l’avoir vu porté par un autre homme, qui avait essayé d’enlever plusieurs enfants dans le voisinage... Troublant non ? Et pourtant, cela n’a pas empêché le couperet de tomber.
Innocent ou coupable ? Aujourd’hui encore, les preuves manquent... Mais ce livre fait vraiment réfléchir, sur de nombreux sujets (peine de mort, vices de procédure, influence des médias et bien d’autres).
Pour apprécier pleinement ce livre, il faut savoir plus ou moins de quoi il retourne. Ce cas a défrayé la chronique et ce livre a paru peu de temps après. Je pense qu’il faut se (re)mettre plus ou moins dans le bain pour bien saisir tous les aspects que présente ce livre. (Ma maman s’en est chargée pour moi, ça fait des années qu’elle me parle de ce cas.)
Ce livre est puissant, poignant et profondément perturbant ! (Essayez de dire ça sans postillonner.) Le langage juridique est parfois un peu lourd, mais rend le tout extrêmement réaliste, on voit que l’auteur ne se perd pas en conjectures, on s’y fait très vite.
*Temporisation volontaire : il s'agit de mon sentiment vis-à-vis de l'écrit, je ne me prononcerai pas quant à la réalité des faits.