Pourquoi cette plaidoirie dans cette liste ? En quoi serait-elle dangereuse ?
Eh bien, parce qu'en le lisant, il y a trente ans environ, j'ai été persuadé de l'innocence de Christian Ranucci.
Aujourd'hui, après avoir lu d'autres écrits sur cette affaire, je ne suis plus sûr de rien. Il reste que des éléments importants laissent penser que Christian Ranucci était peut-être coupable.
L'habileté et l'aspect méthodique du livre de Gilles Perrault, rédigé totalement à décharge, parviennent à convaincre le lecteur profane.
Je tire deux leçons de cette lecture :
1 - Ne jamais se fier à un seul avis, même, et surtout, s'il est bien argumenté. Deux opinions c'est mieux, trois c'est très souvent suffisant.
2 - Je reste un abolitionniste de la peine de mort, d'une part parce qu'il y a très peu d'affaires où aucun doute ne subsiste, et qu'en cas d'erreur, on peut difficilement programmer une résurrection du mort, d'autre part, parce que la société ne peut pas se venger à la place des proches de la victime. L'argument qui consiste à dire : "et si c'était ta fille ?" ne tient pas la route. Eh oui, le père, la mère de la victime veulent non seulement la mort du tueur, mais ils aimeraient aussi dans bien des cas lui faire passer l'arme à gauche de leur propres mains. C'est naturel et ma propre projection dans un cas de figure semblable irait dans le même sens. Mais cette réaction, aussi humaine soit-elle, n'a rien de ressemblant avec ce qu'on appelle la justice.
C'est plutôt sur ce terrain que Gilles Perrault aurait dû axer son livre.
La justice, c'est aussi tenir compte de la vie, de l'enfance du coupable. Je sais que nombre de personnes sont hermétiques à ce discours, convaincus que l'on est comme on naît.
Je pense exactement le contraire : l'acquis est prépondérant. L'inné est une pâte, différente d'un individu à l'autre, mais qui sera modelée au gré des expériences, de l'éducation et de la culture de chaque personne.
Pour conclure, je pense que le livre de Gilles Perrault est un parti pris, mais qu'il a le mérite de nous interroger sur le caractère irréversible de la peine de mort.
P.S. : À qui appartenait le pull-over rouge trouvé sur le lieu du crime ?