A travers son plaidoyer ultra-documenté en faveur de l'accusé dans l'affaire Ranucci, le journaliste Gilles Perrault dresse en filigrane un formidable réquisitoire contre la peine de mort, qui sera finalement abolie trois ans plus tard.
La force du livre réside dans le déroulé du récit, construit comme un thriller implacable, avec force détails plus ou moins anodins, d'une puissance évocatrice déchirante.
Cette plongée dans la France des "early seventies" est un témoignage formidable pour le lecteur neutre, qui (ré) découvre les forces et les faiblesses de notre société française, illustrant celles de notre démocratie imparfaite.
Néanmoins, je tiens à préciser que pour ma part, je n'ai jamais été pleinement convaincu de l'innocence de Christian Ranucci ; mais justement, l'essentiel n'est pas là (et le doute devait de facto profiter à l'accusé).
En revanche, on pourra reprocher à l'auteur de commettre lui-même des erreurs, imprécisions et autres parti-pris, c'est à dire les tares qu'il reproche justement aux partisans de l'accusation.
Quoi qu'il en soit, "Le pull-over rouge" constitue une remarquable contre-enquête solidement documentée, et un livre passionnant.