Il n’y a pas si longtemps que le rapport entre les humains et les cachalots se sont apaisés : une petite quarantaine d’années seulement, après plusieurs siècles de chasses particulièrement violentes dont François Sarano retrace l’histoire en ouverture du Retour de Moby Dick. Mais le moins qu’on puisse dire, à l’heure où ils sont pourtant à nouveau menacés par un danger plus insidieux qu’est la pollution marine, c’est que les cachalots ne sont pas rancuniers, puisque depuis que les navires d’observation ont remplacé les baleiniers, certains individus semblent se réjouir des contacts qu’ils établissent avec les humains.
François Sarano, océanographe et ancien collaborateur de Cousteau, restitue trente ans d’observations personnelles et de témoignages d’autres scientifiques pour donner à comprendre les particularités du comportement des cétacés et particulièrement des cachalots, et ce qui fonde leur sensibilité et leur intelligence propre : entre autres un intérêt notable pour le jeu, une sociabilité très étroite en clans matrilinéaires, une capacité à collaborer étroitement avec d’autres individus et même à solliciter l’aide des humains dans des situations spécifiques, et une manière de communiquer complexe et très variable selon les groupes de population. Bien loin donc, de la violence sauvage du Moby Dick de Melville…
Le tout est passionnant bien que le style soit parfois un peu niais et anthropomorphise lourdement les cétacés à la manière de la voix off d’un docu animalier lambda, et que Sarano ait une tendance très moralisatrice et sentencieuse à vouloir tirer de grandes leçons de vie des comportements des cachalots. L’enseignement qu’il tire de plus de quarante ans d’observations n’en est pas moins des plus importants, aussi bien pour la part de rêve que contiennent les scènes de nage parmi les cachalots que pour ce qu’il nous permet de comprendre de ces grands mammifères dont la protection reste un enjeu vital pour la préservation des écosystèmes marins.