Mères perdues
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le 29 sept. 2012
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Première pièce d'André de Lorde retenue dans cette Anthologie du Grand-Guignol, elle constitue l'un des plus grands succès de ce théâtre, maintes fois reprise au cours des décennies. L'art d'André de Lorde ne consiste nullement à éclabousser de sang le spectateur à tout bout de champ, mais à faire lentement monter un sentiment de bizarrerie et de terreur à mesure que les deux journalistes se rendent compte dans quel guêpier ils se sont fourrés.
Cette gradation passe par des bruits bizarres, des cris entendus, les tics et manies des personnages rencontrés, leurs sautes d'humeur et leurs réactions outrancières, pour finir par une menace d'énucléation de l'un des journalistes. On est bien chez les fous, mais pas exactement placés là où on l'aurait cru...
Le frisson monte dans le dos du spectateur à mesure qu'ils comprennent, en même temps que les journalistes, qu'ils sont en présence de cinglés violents et capables de tout. La Terreur véritable est là : l'absence de tout scrupule moral - sous couvert de la folie - se dévoile aux yeux des journalistes et des spectateurs.
Mis à part les fous qui sont sur scène, André de Lorde ne se gêne pas pour user des vieux poncifs qui décrivaient la folie à l'époque : tics nerveux, se prendre pour tout et pour n'importe quoi, camisoles de force, douches froides, etc. L'insertion de notations assez drôles contribue à limiter la montée de la tension - de la panique - à certains moments, pour mieux la faire repartir ensuite.
André de Lorde s'est inspiré d'une nouvelle d'Edgar Poe, qu'il avait lue un jour d'orage. On ne s'étonnera donc pas qu'un orage joue un certain rôle vers la fin de la pièce, quoique pas si fondamental que cela.
Seul le dernier tableau dévoile l'horreur. Les gros effets restent malgré tout limités, et le Maître André de Lorde sait déjà fort bien jouer avec les nerfs d'un public un peu masochiste qui est venu pour avoir peur. Toute sa carrière se fondera sur ce savoir-faire.
Créée
le 22 avr. 2016
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