Il y a des livres qui marquent. Ce sont les bons bouquins. Il y a ceux qui nous emmènent là où on ne serait jamais allé. Il y a ceux qui nous font dire que c'est un chef d’œuvre,...
Celui-ci est de cette dernière catégorie. Et qu'est-ce qui fait de lui un chef d’œuvre ?
Il y a tout d'abord le style. L'écriture est précise, personnelle, surprenante, sensible. Le rythme est incroyablement mené, car dès qu'on trouve un peu le temps long, hop ! on se retrouve à mille lieux de là où on se trouvait quelques pages auparavant, en visitant des sentiments, un visage, un village, une voix.
Les personnages ont une telle profondeur qu'on les vit. Leurs relations vivent tout au long de ce texte, épais mais dynamique ; long et rapide ; fou et posé. Les descriptions prennent par moments des tournures inattendues, ce qui est magique !
L'histoire d'Augie March se livre peu à peu depuis son jeune âge jusqu'à être un homme. Mais pas un homme comme les autres, non. Mais lequel est-il vraiment ? Lui-même ne le sait pas plus qu'on ne le découvre au fur et à mesure de ses aventures, le menant de Chicago au Mexique, pour finir en Europe. Les rencontres font sa vie, celle-ci se peuplant d'individus le menant là où il se retrouve. Bon gré, mal gré ? Cela fait vivre un personnage curieux, naïf et pourtant habité d'un potentiel, dira-t-on.
L'amour, le travail (légal où non, c'est du travail), la famille, les relations, le voyage, sont les thèmes de ce livre majestueux. C'est le premier que je lis de Saul Bellow. D'autres suivront.
La fin se veut plus philosophique. La vie, son sens et la subjectivité de celui-ci sont mis en abîmes à travers différents personnages. Nul doute que l'auteur est cultivé. Et nul doute que cela contribue au plaisir que l'on peut prendre à le lire.