Les Collines d'eucalyptus par Myriam Veisse
« Pour accepter son misérable sort, il faut regarder vers plus malheureux que soi. »
C’est l’histoire d’un fils prodige, doué, bien né. Un garçon profondément attaché à sa mère, abandonné par un père trop soucieux de s’assurer une lignée, mais trop honteux de son homosexualité, et qui s’enfuit se livrant au meilleur, comme au pire.
« Avoir un seul enfant, c’est comme avoir une seule cruche de saumure dans la maison, on a toujours peur de le perdre. »
Et c’est le pire, sous les traits de Phu Vuong, qui va envoyer Thanh au bagne point de départ de roman fleuve.
Duong Thu Huong, dont j’avais déjà apprécié les qualités de conteuse dans Itinéraire d’enfance, a l’intelligence de mêler les époques afin d’éviter les longueurs d’une trop grande linéarité. De plus, elle donne la parole aux pensées de notre héros afin de mieux en cerner la psychologie.
Elle explore la difficulté de la relation amoureuse, de la faiblesse de l’un dont l’autre peut vite user et abuser.
Tout au long de ces presque 800 pages, Duong Thu Huong, nous parle de son Vietnam dont elle n’est plus citoyenne parce qu’opposante, d’un pays où ses livres sont interdits. Elle nous en fait sentir les odeurs, percevoir les couleurs, nous en livre sa culture, ses tabous. C’est un peu de son enfance qu’elle nous fait toucher des yeux.
Ce livre est un voyage que l’on effectue tantôt presque en courant tant il est prenant, tantôt au ralenti pour en apprécier toutes les saveurs, et pour se perdre au milieu de ce pays qu’il me plairait de connaître.
L’épilogue de ce livre donne quelques indications plus personnelles concernant cette histoire. On y apprend notamment que sanctuaire du cœur (que je n’ai pas lu) est en quelque sorte un roman miroir à celui-ci, mais complètement indépendant. Je ne sais quand mon chemin de lectrice croisera à nouveau Duong Thu Huong, mais il le croisera, j’en suis certaine.
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