Les évaporés est un livre rare, plein de sensibilité et de délicatesse.
Richard B. est un privé au grand cœur. Poète à ses heures, il mène ses enquêtes avec tact et délicatesse.
Yukiko est une jeune Japonaise qui s'est exilée aux Etats-Unis pour y vivre son rêve américain. Ravissante actrice sans emploi, elle est également serveuse.
Rien ne semblait devoir rapprocher ces deux êtres. Mais ils se sont aimés follement. Puis Yukiko a mis un terme à cette relation, laissant Richard B. anéanti.
Alors quand presque un an après leur rupture, Yukiko reprend contact avec Richard et lui demande son aide pour retrouver son père disparu, celui-ci n'hésite pas un instant. Yukiko est tout pour lui, et qui sait, peut être arrivera-t-il à faire revivre leur amour.
L'écriture de Thomas B. Reverdy est belle et poétique. Il réussit le tour de force de nous plonger avec délicatesse dans le Japon post-Fukushima. On y trouve la vilenie, la misère et le désespoir mais aussi l'espoir et le courage. Porté par le rythme imprimé par de courts chapitres, on dévore le roman sans reprendre sa respiration.
Les évaporés, c'est l'histoire d'un amour impossible. L'histoire d'un Américain et d'une Japonaise qui s'aiment mais qui sont trop différents. L'histoire d'un pays qui saigne, et celle de ceux qui en exploitent la misère.
« La misère est une énergie renouvelable.»
L'histoire d'amour entre Yukiko et Richard B. m'a beaucoup touché. Richard B. est un personnage fascinant. Son manque de confiance dans sa capacité de séduction l’empêche d'accepter d'être heureux avec Yukiko. C'est pathologique. Il est hyper sensible, avec tous les bons et les mauvais cotés que ça comporte.
«— J'étais aveugle. J'étais seul. Tu es arrivée dans ma vie comme un miracle et je ne l'ai pas vu.
— Non, Richard. Tu ne l'as pas cru.»
Mais cette histoire, bien que vitale pour l’intérêt du livre, sert à mettre en valeur le thème que l'auteur a décidé d'explorer : le drame japonais.
Ce drame, c'est celui d'un pays ravagé par une catastrophe nucléaire et vérolé par ses politiciens et par les yakuzas. Le livre nous raconte l’existence misérable des déportés de Fukushima, sacrifiés sur l'autel de la reconstruction et du profit. Aucun avenir ne s'offre à eux, les indemnisations arriveront trop tard. Alors, endettés et sans avenir ils s'évaporent. Ils deviennent "clandestins" dans leur propre pays.
« Il faut que vous sachiez d'abord qu'ici, au Japon, un adulte a légalement le droit de disparaître.
— Il n'y a pas d'enquêtes de police.
— C'est comme une fugue. On dit yonige, ça veut dire "fuite de nuit". Dans le fond, c'est une sorte de déménagement, mais sans laisser d'adresse.»
L'auteur nous dresse un tableau noir et sans concession d'un Japon qu'il aime et qui est malade. On y retrouve la finesse du tempérament japonais, le sens du sacrifice mais également bien d'autres facettes que l'on aurait aimé ne pas y voir.
Pour en savoir plus, il vous faudra lire le livre. Je vous en ai déjà trop dit. Mais je peux vous garantir que vous ne regretterez pas votre lecture.
Pour conclure, Les évaporés est un livre rare, plein de sensibilité et de délicatesse. Il nous dépeint un triste Japon post-Fukushima. A ne rater sous aucun prétexte.
Note : 9/10
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