Alain est un quadra qui vivote dans une petite ville sans charme. Il glande toute la journée, visite régulièrement la camionnette de la seule prostituée du coin, roule dans une Renault fuego de 1984 et dresse dans un carnet une liste de noms de poneys. Il se verrait bien acteur mais sans réseau (et sans volonté de faire le moindre effort), sa carrière ne décolle pas d’un pouce. Alain est un mou du genou sans ambition, un oisif assumé dont la seule obligation de la semaine consiste à se rendre chaque dimanche aux Magnolias, la maison de retraite où sa grand-mère gâteuse se morfond en attendant de pousser son dernier souffle.
A lire le court et bien incomplet résumé ci-dessus on pourrait se dire que la lecture va vite tourner au plombant version XXL. Et bien pas du tout. Parce que l’auteur de « Je vais m’y mettre » apporte de la lumière dans ce tableau grisâtre. Avec un antihéros totalement à l’ouest évidemment mais également avec des personnages secondaires tous plus improbables les uns que les autres, de Rosie la fille de joie à Rico l’excentrique meilleur copain d’Alain en passant par Michel, le tonton dépressif. Le récit devient réjouissant parce qu’il est décalé, porté par une poésie étrange, un humour souvent proche de l’absurde et des dialogues aussi drôles qu’improbables.