Mettez de l'humour, un goût certain pour l'absurde, de la mélancolie et beaucoup de tendresse, mélangez délicatement et vous obtenez Les Magnolias, le dernier livre de Florent Oiseau. Personne, à commencer par son auteur, ne pourra prétendre qu'il s'agit de grande littérature. Ce n'est pas si important, à partir du moment où le roman est censé faire du bien à son lecteur, et qu'il y parvient. Le cocktail de sensations est agréable, bien dosé, pas trop sentimental quand il s'agit de décrire l'établissement pour personnes âgées où (sur)vit la grand-mère du narrateur. Ce dernier, acteur en devenir depuis très longtemps, a pour principale qualité la lucidité, qui lui fait considérer son existence pour ce qu'elle est : un désastre. Mais notre antihéros sait se gausser de l'ironie de son sort et le reste de l'humanité qu'il côtoie n'a rien de bien flamboyant, non plus. Et il lui reste sa grand-mère pour essayer d'être un type bien. Les Magnolias réussit parfois à donner des couleurs à des vies plutôt ternes mais ne cherche pas, par pudeur, sans doute, à approfondir plus que cela. L'auteur se permet toutefois une belle embellie vers la fin avec une description très pittoresque d'un tournage "low cost". Il faut lui reconnaître un vrai talent d'alchimiste pour rendre le pathétique tordant. Le livre s'achève sur une conclusion mi-douce, mi-amère. Voilà, ce n'était pas si mal, dans une catégorie littéraire "poids légers."