J'aime les vieilles éditions dont le format ratatiné favorise une lecture diligente, surtout quand le thème de l'œuvre est aussi suffocant que celui ici abordé. C'est que le protagoniste, Jean Dewinter, un père de famille et chef de petite entreprise, a fondé une communauté unie autour d'un même idéal chrétien, une congrégation qui, si elle n'a rien d'une secte abrutissante ou asservissante, refuse toute intimité et solitude.
Quatre couples et trois célibataires, dont le farouche sculpteur Léo, partagent ainsi leurs repas et leurs enfants dans un château des environs de Paris. Cette proximité cause un problème majeur : la tentation de l'adultère est grande chez ces individus de caractères divergents. Voici donc Jean et sa femme Monique en proie à la tourmente, notamment parce que Léo, ce non converti, les fascine outre mesure. Si l'écriture de Michel de Saint-Pierre, assez fantasque dans les descriptions, n'a rien à se reprocher, l'histoire peine parfois à captiver. Les personnages ne sont pas sympathiques, ils ne suscitent ni pitié, ni attachement ; c'est tout de même dommage pour un roman qui veut disséquer le chrétien égaré.
Malgré une fin abrupte, il y a autour de cette communauté une aura de mystère trop forte, ainsi qu'une vérité trop implacable pour oser mépriser son existence.