"Les portes de l'aventure" est un roman de Jean Hougron écrit en 1954 et est le cinquième opus de "la nuit indochinoise".
En fait ce roman se divise en trois parties distinctes et sont trois aspects de l'Aventure en Indochine dans les années 1940 à 1950.
Trois destins très différents.
Le premier est le récit d'un camionneur qui sillonne l'Indochine du delta du Mekong au Tonkin ou au au Laos. L'attention du camionneur (français) est attirée par ce que lui raconte un homme (un vietnamien, ancien notable) concernant le vol d'un trésor d'une pagode et de l'assassinat du chef de la Pagode. Comme le coupable est nommément et précisément désigné (un métis) et comme le camionneur le connait personnellement et qu'il ne le voit pas bien dans le rôle, il décide d'en avoir le cœur net et de pousser quelques investigations. Pour découvrir une somptueuse arnaque où le le métis n'y joue aucun rôle ni d'ailleurs le Viet Minh qu'on accuse rapidement par défaut.
Le deuxième, c'est l'histoire d'un technicien du BTP (français) expatrié pour l'entretien des routes en Indochine. C'est le miroir aux alouettes où finalement le gars se retrouve seul en pleine cambrousse pour encadrer une équipe d'ouvriers indigènes. Sa seule consolation correspondant à son objectif de départ, c'est que ne dépensant pas d'argent ou très peu, il accumule pour pouvoir revenir en métropole et vivre heureux. Mais n'est-ce pas un autre miroir aux alouettes ?
Le troisième opus, c'est le retour d'un "colonial" qui était pauvre voire pouilleux avant de partir et était amoureux d'une fille Françoise, fille d'un notaire. Mais le notaire lui avait signifié que sa fille ça se méritait et qu'il fallait qu'il fasse ses preuves ... En une petite dizaine d'années de vache enragée puis d'affaires avec en objectif la conquête de Françoise, il amasse une coquette fortune et rentre au pays.
Oui, mais comme cela se produit souvent, la vie semble ne pas avancer à la même vitesse à l'étranger (colonie ou pas) et en France. Et le décalage devient terrible frisant l'incompréhension et la jalousie.
Ces trois aspects de "l'aventure" indochinoise mais qu'on pourrait généraliser à tout séjour dans un pays étranger en partant dans des conditions précaires se traduit souvent par de fortes désillusions à l'arrivée. Et si tout se goupille bien, la désillusion a lieu au retour.
Le roman est comme toujours chez Hougron puissant et passionnant. Comme toujours, criant de vérité.
J'ai connu des gens (très proches) qui ont vécu plusieurs dizaines d'années à l'étranger, des des conditions très différentes puisqu'avec un contrat (français) solide au départ avec clause de retour en douceur. Le retour conduit quasiment toujours à des difficultés de réadaptation. Au mieux il y a un décalage entre des mentalités qui ont évolué ou glissé entre ceux qui restent au pays et ceux qui reviennent se traduisant invariablement par "c'était mieux avant ou ailleurs".
L'atterrissage en métropole est chose délicate. Le franchissement des "portes" pour partir ou pour revenir cache bien des surprises.