Accrochez-vous, car l'Iran des mollahs est hideux à regarder. Chaque page est nécessaire, chaque chapitre est douloureux et terrifiant. Rien ne vous sera épargné, ne vous formalisez pas sur les mots très crus utilisés par Chahdortt Djavann, essayez d'aller au-delà de cette vulgarité ambiante, elle sert le récit.
C'est difficile de parler de ce livre, il éclate dans tous les sens : c'est à la fois le récit des destins tragiques de Soudabeh et Zahra, deux fillettes en quête d'un avenir meilleur. Ce sont les récits d'outre-tombe des prostituées assassinées dans les rues des grandes villes iraniennes. Et l'éclairage implacable et sinistre de l'auteure, immigrée franco-iranienne. C'est un cri du coeur sur la condition sociale immonde des femmes de ce pays, sur la misère sexuelle qui pousse les imams à décréter des mariages temporaires, sur ces jeunes filles qui deviennent putains à un âge où elles devraient être sur les bancs de l'école à apprendre à lire. C'est le constat implacable d'une société moribonde, écartelée entre la charia et son obsession du corps des femmes. Un immense gâchis, l'écoeurement à chaque chapitre. La laideur insoutenable.
Que dire de plus. Difficile de refermer ce "roman" qui n'en est pas un, de s'imaginer qu'en ce moment même des milliers de femmes se débattent dans une société qui a basculé dans la barbarie. Merci à Chahdortt Djavann de donner une voix et une dignité à ces héroïnes martyres.