⚠️ Une maintenance est prévue ce Mercredi 4 décembre de 9h00 à 13h. Le site sera inacessible pendant cette période.

Végan, végane ? Je n’y comprends plus rien !
Wikipédia nous dit que « le véganisme, dit également végétalisme intégral, est un mode de vie consistant à ne consommer aucun produit issu des animaux ou de leur exploitation. […] Au-delà de l'adoption d'une pratique alimentaire végétalienne (qui exclut la viande et le poisson, mais aussi les produits laitiers, les œufs et le miel), le véganisme exclut la consommation de tout autre produit issu des animaux, de leur exploitation ou testé sur eux (cuir, fourrure, laine, soie, cire d'abeille, cosmétiques et médicaments testés sur des animaux ou contenant des substances animales), cela va jusqu'aux sports ou spectacles avec animaux (concours hippiques, spectacles de cirque avec animaux et, bien sûr, corridas). Une personne qui opte pour le véganisme est communément appelée “végane”. Au masculin, le mot “végan” est également utilisé ; il coexiste avec la forme épicène “végane”. »


L’ouvrage en cause est donc Les véganes vont-ils prendre le pouvoir ? de Thomas Lepeltier.
Qui est Thomas Lepeltier ? Et bien là, mes amis, je tombe des nues (on verra, plus loin, pourquoi). Thomas Lepeltier est un essayiste français, né en 1967, spécialiste d'histoire et philosophie des sciences et d'éthique appliquée, connu en particulier pour ses contributions dans le domaine du droit des animaux. Docteur en astrophysique, puis chercheur en histoire et philosophie des sciences, Thomas Lepeltier est l'auteur de nombreux livres traitant de l'histoire du darwinisme et de l'opposition créationniste, spécialiste de l'éthique appliquée, il s'est aussi distingué au sein du mouvement animaliste.
Que dénonce ce livre ? Si vous avez un peu de courage, lisez les 140 pages du livre, sinon dévoilez le Spoiler ci-dessous.


Il fait un parallèle entre l’esclavage humain, aboli au 19e siècle, et l’élevage des animaux et leur utilisation comme ressources ou biens corvéables à merci. Il demande donc l’abolition de l’élevage des animaux et de mettre un terme à la chasse et à la pêche et à toute forme d’exploitation des animaux.
Il explique qu’il a été établi depuis des années que l’on se nourri très bien à l’aide d’un régime purement végétalien : « Par exemple, pour la plus grande association de nutritionnistes au monde, qui se situe aux États-Unis, l’alimentation végétalienne est appropriée à toutes les périodes de la vie, en particulier la grossesse, l’allaitement, la petite enfance, l’enfance, l’adolescence, le troisième âge ainsi que pour les athlètes. » (Où l’on voit que c’est bien le cordonnier qui est toujours le plus mal chaussé !).
Il développe que l’arrêt de consommer des produits d’origine animale engendrera des changements dans nos plaisirs gustatifs, dans l’adaptation ou la reconversion de certains métiers, voire même dans l’aspect de nos campagnes mais « Faut-il pour autant continuer à tuer trois millions d’animaux par jour dans les abattoirs en France afin que personne n’ait à faire un petit effort supplémentaire pour se procurer quelques nutriments ? »
Il compare les conditions souvent choquantes de l’élevage industriel à celles “idylliques” de l’élevage à la ferme qui permettrait de produire de la “viande heureuse”. Mais qu’est-ce que cela change au niveau de la mise à mort ? Au niveau de la recherche de la rentabilité ? En déplaçant l’industriel vers la ferme, n’y aura-t-il pas toujours des éleveurs qui chercheront à accroître leurs bénéfices au détriment des conditions de vie des animaux ?
Il démontre que la solution ne peut être que l’arrêt de la consommation des produits d’origine animale. De façon radicale, ou de façon progressive ? Au sein des véganes, les deux tendances coexistent, les « radicalistes » d’une part et les « réductionnistes » d’autre part. Il ne tranche pas, même s’il précise que « l’éthique s’accommode mal des appels à la modération. »
Il souligne la radicalisation et la politisation du mouvement végan. Prises de conscience, lois, manifestations contre la maltraitance animale pouvant déboucher sur des caillassages de vitrines, des saccages de boucheries ou de supermarchés. Des voix s’élèvent pour dénoncer que « le véganisme serait intolérant et liberticide. » Ce qui ne traumatise pas l’auteur qui renchérit en affirmant que « Dans une démocratie, ce n’est donc pas toujours la majorité qui décide, à l’issue d’un débat paisible, de telle ou telle orientation politique. Celle-ci est souvent déterminée par des rapports de force et des conflits. »
Il propose des viandes de substitution : « Dans tous ces plats véganes que les restaurateurs et les entreprises concoctent, certains méritent une attention particulière : ce sont ceux qui cherchent à imiter au plus près la viande tout en étant d’origine végétale et ceux qui, tout en étant de la viande, ne proviennent pas d’un animal » ces dernières sont appelées « viande in vitro », « viande propre » ou « viande de culture ». Elles sont fabriquées à partir de cellules souches animales que l’on fait se multiplier en laboratoire…
Nota : J’ai particulièrement simplifié et édulcoré le propos de l’auteur. Son livre est singulièrement pénible à lire du fait des redites, des imprécisions, de la mauvaise foi flagrante (exemple : la viande est quasiment impropre à la consommation du fait des manipulations génétiques, ou des antibiotiques, alors que les végétaux sont d’une pureté virginale, jamais de pesticides, aucun fongicide, aucun produit cancérigène répandu sur les cultures, c’est bien connu !). Devant les démonstrations fastidieuses et le manque de rigueur, j’ai été très surpris de découvrir qu’il avait une formation scientifique…


Donc, pour des raisons d’éthique, Monsieur Thomas Lepeltier demande l’arrêt de la consommation de tout produit d’origine animale, l’abolition de l’élevage des animaux, de mettre un terme à la chasse et à la pêche et à toute forme d’exploitation animale.
Il n’hésite pas à prendre appuis dans le passé pour s’indigner face à l’homme carnivore, ainsi Plutarque, au 2e siècle de notre ère : « Quelle raison eut donc l’homme qui le premier approcha de sa bouche une chair meurtrie, qui osa toucher de ses lèvres la chair d’une bête morte, et comment il fit servir à sa table des corps morts… »
Eh bien, je pense pouvoir indiquer à notre philosophe à qui il doit poser sa question , en citant Nicolas Teyssandier (“Nos premières fois”) : « À ce jour, les premiers témoignages probants de boucherie par des humains proviennent de la région de Gona, en Éthiopie, où plusieurs sites datés aux alentours de 2,6 millions d’années ont livré des restes fragmentés d’ossements d’ongulés portant à la fois des stries de découpes et des traces de percussion violente révélant l’éclatement des os pour en récupérer la moelle – traces indubitablement associées à des outils de pierres taillées. » Voilà pour le premier homme, ça ne date pas d’hier !
Donc, depuis la nuit des temps, les homininés, dont Neandertal et Homo Sapiens se sont nourris en dépeçant des animaux morts, puis en chassant et en cueillant des végétaux. Nomades, ils se postaient sur les lieux de passage des animaux puis en se sédentarisant ils ont domestiqué et élevé des animaux et cultivé le sol pour se nourrir, et non pour leur unique plaisir comme ne cesse de le répéter sieur Thomas Lepeltier.
Néanmoins, reconnaissons que nous sommes au 21e siècle et que nous pouvons espérer avoir atteint un certain niveau de civilisation. On sait très bien que la maltraitance animale ne se limite pas à son abattage mais que certains éleveurs font de l’élevage une entreprise qui doit être la plus rentable possible, au détriment des conditions d’existence des animaux (Poulets en batterie, porcs parqués dans des espaces minuscules, fermes des mille vaches qui ne voient jamais le jour…). « Or consommer les mets mentionnés ci-dessus demande de faire souffrir et de mettre à mort des animaux. […] C’est une question classique d’éthique. »
Et Thomas Lepeltier de poser la question :
« Qu’est-ce qui pourrait nous autoriser à tuer un être sensible pour notre propre plaisir ? »
Si je lui objecte qu’il ne s’agit pas de « notre propre plaisir » mais de « nous nourrir », il va m’opposer que l’on peut parfaitement « se nourrir » sans utiliser de produits d’origine animale mais de « produits végétaux » et cette fois je vais rétorquer qu’il préconise de tuer des « êtres sensibles » comme le démontre Stefano Mancuso dans « L’intelligence des plantes », car les plantes sont douées de sens : la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût, le toucher, la sensibilité aux variations du taux d’humidité, aux champs magnétiques, aux gradients chimiques dans le sol… : « Les plantes se parlent, identifient les membres de leur famille et manifestent une grande variété de caractères. Exactement de la même façon que dans le règne animal, les plantes peuvent se montrer opportunistes ou généreuses, honnêtes ou trompeuses, reconnaissantes envers ceux qui les aides ou vindicatives envers ceux qui cherchent à leur nuire. »
Ce que Monsieur Thomas Lepeltier reproche aux mangeurs de viande, il est à mille lieux d’imaginer qu’on peut le reprocher aux mangeurs de végétaux !
Il faudrait que Monsieur Thomas Lepeltier lise « L’intelligence des plantes » de Stefano Mancuso (ou d’autres livres similaires).
Ami lecteur, je vous en conseille également la lecture. Ou alors, si juste une approche peut vous interpeler, en toute modestie, lisez mon commentaire sur cet ouvrage.
C’est l’impasse, alors ?
Je n’ai pas la réponse. Personne n’a entendu le cri de la carotte que l’on arrache, personne, non plus n’a entendu celui de la daurade prise dans les filets… On a mis du temps pour admettre que les animaux étaient des êtres sensibles, il en faudra certainement beaucoup pour l’admettre vis-à-vis des végétaux. J’en vois beaucoup qui rigolent… renseignez-vous, tenez-vous un peu au courant de l’état des recherches (et des découvertes).
On parle de viande de culture… pourquoi pas de protéines de synthèse… je ne suis ni nutritionniste, ni biologiste, ni chimiste.
Personnellement, je n’ai pas attendu le dictat de Monsieur Thomas Lepeltier pour cuisiner végétarien (environ quatre fois par semaine, à midi – pas de cuisine le soir) et j’ai dû changer mon recueil de recettes devenu trop exigu. On en trouve partout sur le Net, les sites sont abondants, depuis des blogs très élégants, à l’accent british et végan, faisant appel à des ingrédients parfois introuvables, aux sites plus franchouillards et moins rigoureux (végétaRiens), mais dans tous les cas, grâce au jeu des épices et à l’association de produits parfois inattendue, je peux garantir que les papilles sont à la fête ! (Puisque Monsieur Lepeltier, dans son livre, parle toujours de se faire plaisir et non de se nourrir).

Philou33
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste E - SOVONLA

Créée

le 21 août 2019

Critique lue 31 fois

Philou33

Écrit par

Critique lue 31 fois

Du même critique

L'Anomalie
Philou33
7

À lire sans tarder… et pour cause !

… Car je ne pense pas trahir un quelconque suspense en soulignant que l’action de "L’Anomalie" se déroule en juin 2021 (Cf. quatrième de couverture) et donc tout ce qui n’est pas advenu peut encore...

le 13 déc. 2020

19 j'aime

5

La Vie devant soi
Philou33
4

UNE SI LONGUE AGONIE…

Me voilà encore dans l’opposition ! OK, je suis le prototype de l’ignare. J’avais envie de lire ce livre, non pas pour son Goncourt (je suis méfiant vis-à-vis de cette distinction), mais parce j’ai...

le 23 mai 2020

16 j'aime

2

Les Choses humaines
Philou33
4

OUI pour le fond ! NON pour la forme !

C’est générationnel (Je suis un VIEUX C…). Je n’aime pas les histoires de cul ! Je n’aime pas les histoires où on « fait l’amour » comme d’autres font des cauchemars. Mais, à en croire l’auteure,...

le 14 nov. 2019

14 j'aime

11