Notre narrateur précise dès le départ qu'il n'est pas chez lui. Et ça change tout. La maison qu'il vient d'acheter se trouvant en travaux et le grand-père de sa femme depuis peu au cimetière, sa belle-famille propose à la petite famille de s'installer « en attendant » dans la maison du susmentionné grand-père. Un grand-père dont la passion baigne son bureau. Un bureau-bibliothèque dans lequel le narrateur s'installe pour écrire son roman. Un roman qui va donc se retrouver malgré lui à parler de la passion de ce grand-père : Napoléon.

Mille choses sont glissées dans la mise en abyme de ce bref premier roman bourré d'audace, qui possède un sens de l'oralité et de la théâtralité très vif.
Oui, c'est d'abord un livre sur un type qui est censé en écrire un, qui voudrait bien, qui se tâte, se dépatouille avec ses pensées et sa page Blanche, c'est un narrateur qui voudrait bien, oui, qui lutte un peu contre lui-même et qui finit par se lâcher dans une ode magnifique et déjantée à l'écriture, à la littérature. Je vous en parlais d'ailleurs il y a deux mois : Rimbaud, Cendrars et Céline hantent ce roman de manière savoureuse, au gré de parallèles pertinents parmi les (con)quêtes sans fin du narrateur.

Il y a quelque chose de totalement délirant chez Nicolas Marchal, c'est cette propension folle à partir dans des phrases qui semblent faites pour ne jamais s'arrêter. Vous ne voulez pas qu'il s'arrête, le semblant d'absence de maîtrise de lui-même vous grise. Tout à coup, le narrateur pète un câble et le lecteur, dans ses éclats de rire, ne peut que suivre. La façon d'amener les choses et le ridicule du quotidien, la construction de la phrase, qui se libère d'elle-même, les situations loufoques dont on ne sait plus très bien si elles font partie d'une réalité malade ou d'une invention dingue... Il y a du Hunter S. Thompson, du Bret Easton Ellis (mais sobres). Et dans les méandres des situations irrésistiblement grotesques, je n'ai pu m'empêcher de penser à Patrice Pluyette qui, bien que parfois beaucoup plus versé dans l'absurde, possède également le don de déconcerter un chouia son lecteur avant de le faire mourir de rire en malmenant ses personnages.
[...]
Morgouille
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le 31 mai 2012

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Morgouille

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