Commençons par le point noir de ce recueil : L'écriture. Enfin, la forme. Ce n'est clairement pas Shakespeare à ce niveau-là. Cependant, bien qu'il y ait une galère certaine dans la syntaxe, problème que nous retrouvons à travers les paroles de la majorité des musiques composées par l'auteur, les mots, souvent crus, sont parfois maladroits mais justifiés en vue de la trame, des thèmes de chacune des nouvelles présentées.
Je m'attendais à une atmosphère teenage propre à l'auteur à base d'éveil de la sexualité, approche naïve de la société... D'autant que la date de sortie du recueil coïncidence à la période de composition d'un album très axé sur l'adolescence. Il en est vrai pour la majeure partie des nouvelles. D'autres surprennent par leur audace [inceste...]. Nicola Sirkis mêle la naïveté de certains narrateurs [parfois trop clichée, problème de syntaxe encore...] à la brutalité de la réalité. Les histoires sont courtes et quasiment toutes efficaces. La manière de décrire longuement un fait à partir d'un simple élément me fait penser à Salinger et Duras [Sans qui Indochine n'aurait pas eu ce nom], Nicola ayant lui-même décrit leur manière d'écrire ainsi.
Ce bouquin est d'autant plus appréciable si comme moi vous écoutez les musiques d'Indochine et-ou vous intéressez à son leader. Certains titres, certaines phrases nous rappellent les paroles de musiques qui furent à l'époque déjà rédigées et composées par Indochine [Je n'embrasse pas, Justine...]. D'autres passages nous font même penser à des titres qui n'existeront que plus tard [Play Boy, Black City Parade, Republika]. Bref, je vois bien ce recueil comme une extension à Kissing My Song, bouquin qui comprend et parfois explique l'intégrale des paroles composées par Nicola Sirkis.
Ce recueil est encore aujourd'hui susceptible d'en surprendre pas mal tant par les thématiques ancrées dans notre actualité [folie politique...] pour certaines, encore tabous [menstruations, polygamie...] pour d'autres. D'autant plus si vous suivez de près Indochine. Sinon, inutile de le lire pour la qualité des mots.
[La citation en guise de titre provient de Nicola Sirkis, qui définissait alors l'album Alice et June]