Les Yeux Bleus
7.7
Les Yeux Bleus

livre de Thomas Hardy (1873)

Quatrième roman seulement que je lis d'un écrivain que j'admire énormément, après "Tess d'Uberville" (son plus célèbre !!!), "Jude l'obscur" (juste le roman le plus sombre et le plus pessimiste de tous les temps, à ne pas mettre entre les mains d'un dépressif sauf si vous voulez qu'il se tranche les veines !!!), "Les Forestiers" (superbe, personnellement mon préféré !!!), et le plus faible des quatre, mais il n'empêche avec son style fluide et prenant et ses personnages dont la complexité est impeccablement rendue Thomas Hardy a encore foutu en l'air deux de mes nuits...


Si la critique sociale habituelle de l'auteur, qui dénonce notamment une Société victorienne puritaine et hypocrite, écrasante, en particulier pour la gent féminine, est nettement plus en retrait par rapport à "Tess" et à "Jude" elle reste présente en arrière-plan ; en particulier en ce qui concerne le fossé entre les classes sociales, là l'auteur va se montrer particulièrement ironique...


Autrement on a une héroïne, Elfride, assez tête-à-claques car si le puritanisme ne fait rien pour arranger son sort, on s'aperçoit surtout qu'elle est elle-même, par sa futilité et son indécision, inconsciemment son principal bourreau. Ce qui ne veut pas dire que la gent masculine est épargnée...


Si le premier prétendant de la protagoniste Stephen Smith, jeune architecte d'origine modeste promis à un brillant avenir, l'est relativement l'auteur lui reprochant juste de temps en temps une faiblesse de caractère, le second, Henry Knight, trentenaire puceau, cynique et moqueur ne va guère l'être. Il faut dire que sa puérilité va juste le faire passer à côté de ce qui aurait pu être le grand bonheur de sa vie.


Si l'ensemble s'encombre de quelques descriptions parfois un peu longue et emphatique, l'écrivain, dans ce qui était son troisième roman, le plus autobiographique de son oeuvre, montrait déjà un très grand talent pour décrire les sentiments humains, à donner quelques scènes fortes comme celles qui se déroulent dans le caveau familial ainsi qu'une fin tragique particulièrement inattendue et bien amenée. Comme pour mes trois précédents passages chez l'auteur de "Tess d'Uberville", j'en suis sorti un peu chamboulé.


A noter pour l'anecdote que le terme de "cliffhanger" vient de ce roman, d'un passage du livre où le personnage d'Henry Knight se retrouve dans une position très inconfortable au bord d'une falaise.

Plume231
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le 1 mai 2014

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Plume231

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