Goubert c'est le tonton flingueur du Roi-Soleil.
Dans son célèbre Louis XIV et vingt millions de Français, l'historien a remballé les rayons, baissé la lumière, pris la direction des coulisses, il a quitté l'opérette versaillaise pour les champs, les village, les gens, les braves. P. Goubert nous fait une contre histoire du Grand Roi ou, plus exactement, une histoire à côté de la sienne car, en effet, il eut été stérile de faire l'ombre du soleil... C'eut été joli, d'un bel effet stylistique mais quel intérêt pour la connaissance historique ? Aucun ! Notre historien n'a que faire des légendes, qu'elles soient dorées ou noires ; il est l'historien à proprement parler, celui qui par l'enquête, la fouille, dégagent des nuances.
C'est pourquoi, qui lit Goubert lira surtout les moyens de la gloire et de la grandeur louis-quatorziennes : les peuples, les créanciers, les structures socio-économiques.
Certes, on pourra dire que ce livre a de l'âge (années 1960, école des annales) mais il complète encore des livres plus récents, plus nuancés comme le désormais classique Louis XIV de Petitfils. Pourquoi ? Goubert a fait entrer les humbles par la grande porte et comme pour la prise de la Bastille, quoiqu'on en dise et quoiqu'on fasse de cet événement, on ne l'oublie pas ! Continuer à le lire, c'est résister à des tendances réactionnaires qui reviennent depuis peu, c'est entretenir une tradition historienne de grand, de très grand mérite et d'une qualité exemplaire !