On sait bien que Djian est devenu un auteur routinier, que l'on a tendance à retrouver plus par habitude que par vrai désir... mais dont on espère encore l'une de ces fulgurances que l'on aimait jadis chez lui. "Love Song" me paraissait plus attrayant que ses deux précédentes livraisons ("Vengeances" et "Oh") du fait de son contexte rock'n'rollien, mais il se confirme rapidement que Djian n'a pas l'intention de traiter bien sérieusement ce sujet - là, et qu'il préfère nous balader encore une fois à travers une de ces histoires d'amour malades et cruelles - entrecoupée de scènes assez aberrantes, en plus - qui sont finalement devenues son fond de commerce. D'abord vaguement ennuyeux, répétitif, avec moins de brillances stylistiques que d'habitude (au delà des ellipses brutales qui sont désormais un effet de signature, le seul nouveau "truc" ici, c'est la disparition complète du point d'interrogation, soit un gadget plus gênant qu'autre chose, et assez vain !), "Love Song" décolle vraiment dans sa toute dernière partie, après une "révélation" qui jette rétroactivement une lumière différente sur le livre... Ce qui nous permet de refermer "Love Song" sur une impression assez forte, il faut bien le reconnaître. Phrase incontournable du livre : "Leonard Cohen, c'est Leonard Cohen. Il ne fait pas d'ombre. Il illumine." Merci, Philippe. [Critique écrite en 2015]