Beaucoup d'écrivains écrivent toujours le même livre. Des variations plus ou moins réussies sur des thèmes récurrents. C'est aussi pour cela qu'on les aime, pour retrouver une musique familière dans laquelle se lover confortablement comme dans un vieux sofa défoncé mais encore moelleux. Djian fait partie de cette race. Love Song a des airs de déjà lu : l'amour, la tromperie, les trahisons, le vieillissement, le sexe et cette sourde mélancolie différente de la pure tristesse dans le sens où l'on s'y complait comme avec une amie fidèle qui, elle, ne vous lâchera pas pour un oui ou pour un non. Le héros de Love Song est djianien jusqu'au bout des orteils : désabusé, manipulé, accro à tout un tas de substances, capable de violence mais d'une faiblesse insigne, en définitive. Le monde de la musique, dans lequel il évolue, n'est pour l'écrivain qu'une toile de fond. Ses dérives mercantiles sont à peine esquissées. A vrai dire, Djian s'en fiche un peu. Son histoire semble à peine travaillée, peu creusée. En revanche, l'auteur se donne du mal pour avoir un style, créer un climat. De ce côté là, il est inimitable. Qu'on aime ou pas, c'est indéniable. Comme Modiano, dans un tout autre genre. Love Song est un blues "des ans chanté", une vision peu amène des relations humaines. Qu'importe si certaines scènes se révèlent aberrantes et invraisemblables, si les dialogues sont souvent répétitifs, si les tournures de phrase sonnent parfois bizarrement. Ce n'est pas le meilleur Djian, loin de là. Ce n'est pas très grave, on s'y pelotonne quand même avec un plaisir coupable, en attendant le prochain qui sera forcément meilleur. Ou pas.

Cinephile-doux
6
Écrit par

Créée

le 25 avr. 2017

Critique lue 201 fois

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 201 fois

D'autres avis sur Love Song

Love Song
EricDebarnot
6

Sans points d'interrogation !

On sait bien que Djian est devenu un auteur routinier, que l'on a tendance à retrouver plus par habitude que par vrai désir... mais dont on espère encore l'une de ces fulgurances que l'on aimait...

le 4 avr. 2015

2 j'aime

Love Song
Cinephile-doux
6

Blues des ans chanté

Beaucoup d'écrivains écrivent toujours le même livre. Des variations plus ou moins réussies sur des thèmes récurrents. C'est aussi pour cela qu'on les aime, pour retrouver une musique familière dans...

le 25 avr. 2017

Love Song
jimbomaniac
4

this is NOT a love song

Je ne me l 'explique pas mais le fil semble être rompu entre Djian et Moi cet écrivain que j ai aimé , que j ai adore ne me procure plus les sensations ,les émotions du lecteur assidu de ses ...

le 7 janv. 2017

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 28 mai 2022

79 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

79 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

72 j'aime

13