Je ne vais pas raconter l'histoire, mais voici ce que je retire de ce très beau livre.
On plonge dans une dimension spirituelle et poétique très profonde. Hubert Haddad comprend et transmet avec une grande maîtrise l'esprit des moines poètes errants. La marche à pied qui traverse cette histoire est une image de l'impermanence des choses : le moine qui marche exprime l'essence du monde qui est le mouvement, le changement, l'impermanence. C'est pour cela que "la marche mène au paradis" ; elle est pleinement en accord avec la nature des choses, elle fait voir la réalité, ainsi elle est une voie d'éveil. Même si c'est la souffrance qui fait partir, et qui est à l'origine de cette marche.
Et c'est raconté avec art : l'écriture toute poétique contribue à rendre présente la spiritualité, et d'une certaine manière on pourrait dire en reprenant la première phrase : "l'écriture mène au paradis". Elle est source d'éveil. La forme rend manifeste le fond. Nos moines haïkistes savent d'ailleurs la puissance des mots à rendre le réél parfois très simplement et Haddad lui aussi est un maître de l'écriture. Il y a une mise en abîme très significative. par ailleurs, le livre est riche de différentes narrations : le point de vue narratif interne du premier chapitre avec Shoichi est abandonné par la suite, mais il nous capte d'emblée.
Quant à la couverture, le gribouillis sur fond jaune est très réussi ; il est en accord avec l'esprit à la fois un peu abstrait et poétique du texte.
C'est un excellent livre, un de ces livres dont on sort grandi.