Marilyn, ça dégouline !

Quand le titre et la couverture d'un roman de SF vendent un amalgame de références culturelles bordélique au possible, deux réactions sont envisageables. Première option : se résigner à la catastrophe et éviter soigneusement de l'acheter (le livre n'ayant jamais pas profité d'une réédition en poche depuis sa sortie, ça ne risque pas d'être très compliqué, remarque). Deuxième option : se laisser tenter parce que ça a l'air rigolo. Et la présence de Marilyn Monroe et les samouraïs du Père Noël dans la catégorie science-fiction de la Bibliothèque idéale d'Albin Michel aurait tendance à orienter du côté de la deuxième.

On serait même tenté de se prendre au jeu en prenant acte dès les premières pages de la présence d'un personnage affectueusement nommé Gandalf, sans qu'aucune allusion même lointaine au Seigneur des Anneaux ne vienne perturber le premier chapitre. Il faut pourtant se rendre à l'évidence : le foutoir ne sied pas au ton pince-sans-rire de Pierre Stolze. Normale Sup' a décidément réussi à ce prof de lettres classiques ; on ne lui a pas décerné le prix Rosny-Aîné pour des prunes. Mais les péripéties de son cher Peyr de la Fièretaillade y sont étrangères, ça c'est certain.

On ne peut décemment pas présenter une avalanche de thématiques si farfelues, de personnages si hauts en couleurs et de plot twists délirants (dans le bon comme le mauvais sens du terme) dans une écriture si soignée, voire si pompeuse. Le résultat est facile mais saillant : c'est chiant comme la pluie. Le lecteur se prend à espérer au détour de toutes les pages l'hilarité tant guettée, pour finalement ne déguster qu'un genre de polar initiatique vaguement science-fictionnel, mais surtout ampoulé au possible.

En fait le seul génie de Pierre Stolze dans cette histoire reste d'avoir réussi à fondre un style brillant de métaphores ingénieuses dans une titraille monstrueusement putassière. Et ainsi de l'avoir gâché dans un récit foisonnant mais sans consistance, foutraque mais académique. Marilyn Monroe méritait mieux que ça.