Le Corbac, vous connaissez ? C’est un curieux oiseau qui agite sa plume pour écrire des critiques sur un site spécialisé. Et je vous prie de croire qu’il a de l’imagination, ce drôle de volatile, il a tellement d’imagination qu’il ne tarit pas d’éloges sur ce livre-ci. Et il en faut, de l’imagination, pour être enthousiaste à ce point ! En tout cas il en a plus que l’auteur ! Et il est vexé comme tout, notre perdreau, car il n’avait pas lu cette merveille littéraire à sa sortie, en 2015, mais seulement lors de sa réédition en mai 2019. Ce qui nous vaut son papier dithyrambique, histoire de se faire pardonner, sans doute.
Et quant au pauvre naïf que je suis, au gré d’une balade sur le Net, en quête de récréation, je me laisse séduire, et par le ramage, et par le plumage de notre chroniqueur emplumé et décide de vérifier « in situ » la magnificence de ce chef-d’œuvre…
Il s’agit donc d’une sorte de roman d’anticipation qui est sensé nous faire faire un bond d’une trentaine d’années. Pourquoi pas ? Ce bond en avant me fait faire un bond… en arrière ! Il s’agit du genre (“littéraire”) que j’affectionnais adolescent. Il m’apportait dépaysement et pseudo-sciences qui comblaient ma curiosité.
Seulement voilà, deux générations se sont succédées depuis cette époque, sans doute ai-je perdu toute ingénuité et innocence car la déception est grande. On se trouve devant un très banal polar avec trafic de drogue, courses poursuites, règlements de compte et jaillissement d’hémoglobine. Rien que de très ordinaire. L’auteur a voulu se donner quelques moyens supplémentaires en se projetant dans l’avenir (drones à tous les étages) mais très peu, en fin de compte. Le contexte géopolitique est inexistant, les personnages sont transparents, et, pour ne surtout pas être désorienté, on ressort de vieilles voitures à essence, de collection, du début des années 2000 ou des hélicoptères de types connus… seule innovation, les guerres sont devenues une sorte de télé-réalité avec paris à l’appui…
Un décalage de trente ans n’est sans doute pas suffisant pour laisser libre cours à une imagination débordante et changement radical de la société mais alors j’aurais aimé une satire plus agressive de notre civilisation et de son impact sur la planète, et quelque chose de plus délirant dans le comportement des masses. Silence radio.
Un moment, ce livre m’a fait penser à « Acide sulfurique » d’Amélie Nothomb, juste un petit moment, n’est pas Amélie qui veut…