C'est cette "réalité" qui est la plus difficile à digérer.
Paul-Jean Husson, homme de lettre antisémite pendant l'occupation écrit une lettre à "Monsieur le Commandant". Cette lettre que l'on ne comprend pas, que l'on ne peut approuver tant elle est horrible, pleine de propos haineux difficiles à comprendre dans notre contexte actuel. Cette lettre n'est qu'une longue justification des actes de son auteur, qui va jusqu'à expliquer pourquoi il l'écrit. Car il n'a de cesse de devoir expliquer, cet homme déchiré entre ses convictions et ses "péchés", pourquoi il a commis ce qu'il considère comme des crimes, et pourquoi il va commettre ce qu'il sait en être un, pour racheter les premiers.
Jusqu'à la fin on se demande, jusqu'à la fin on ne comprend pas comment cet homme, profondément humain aussi salaud soit-il, va pouvoir se résoudre à commettre l'irréparable. Et à la fin, à la toute fin, une fois que l'on sait, une fois que l'on a lu ces lignes horribles, pleines de détails insoutenables que l'on aurait préféré ignorer, on arrive presque à comprendre. Et c'est cela qui fait mal.
Romain Slocombe nous sert un roman qui aurait pu se passer, qui s'est sans doute passé sous d'autres noms, d'autres circonstances. C'est l'histoire d'un homme qui va devoir vivre en se pardonnant d'avoir commis l'inexplicable. Comme tant d'autres, sans doute. C'est cette "réalité" qui est la plus difficile à digérer.