Tout au long du livre je voyais sa fin, j'y pensais et je me demandais comment Céline allait l'écrire...Mais non ! Ayant été un peu frustré je me suis donc permis d'en bricoler une en incluant des retours aux personnages et lieux de cette fiction sordide mais magnifique.


Non mon oncle !
J'étais foutrement mal…froid… agité de soubresauts fiévreux…le fondement bourré...coincé par mes boyaux...embouteillage de vomi qui veut pas sortir...Coincé dans la tripaille en folie...envie de gerber sans pouvoir violente et tenace qui me lâchait pas...Me vrillait le boyal...Delirium tremens du trou du cul...Un peu comme si j'avais bouffé des harengs saurs mayonnaise et bu un litre de lait ou alors les patates gonflées de vermines, de pestilence, de Courtial...dégueulasse...infect ! Odeur de viande faisandée dans la gorge...comme des relents de cadavres qui m'assaillaient les papilles...Le suc gastrique avarié en suspension...prêt à r'monter toute la marchandise...Toutes ces crevures...cette haine enfouie sous la connerie, la bêtise ! Édifiant !
Pauvre mon oncle je l'aimais tellement bien lui et ses façons de me comprendre un peu...de me foutre la paix...De m'faire voir des chtis bouts d'bonheur dans mon malheur, d'avoir un peu de considération pour moi ! Sombre merde...de la commisération pour la sombre merde, le raté en puissance que j'étais ! Que faire ? Demain... Oui demain...se barrer...mettre les pouces, les bouts, foutre le camp...plus les voir. Se noyer chez les bitos ! Quitter le passage de la Bérésina ! Tous ces miasmes de misères...cette tenace odeur d’excréments et de pisse rancis. Putain ! Bérésina ! Napoléon ! La débâcle...les grognards de foutre de juterie de Dieu cons gelés dans la chiasse glacée...Rivière tombeau...les grumeaux : des glaçons... Infâmes ! L'eau salvatrice ! Et puis toutes ces gueules : le p'tit André, Lavelongue, Gorloge et sa dondon pornographique, Gwendoline, les Merrywin…belle…Jonkind, ma pute, Des Pereires et sa barbue...No trouble, no trouble, NO TROUBLE ! Ça tanguait méchant…sévère houle...Je voyais une mer de dégueulis verdasse démontée qui voulait me submerger...clapot et roulis merdiques en diable !
Le bal des tronches me tournait autour, joyeuse sarabande, fantastique et folle farandole des faces d’une life foutue, finie, frappadingue ! Errance de bout en bout ! Déambulation sans objet, sans but et pour rien ! Et puis planant...planante...au dessus des autres comme une ombre énorme, grimaçante la face exécrée du père ! Le haut le cœur remonte…me satonne de partout encore, si c'est possible, jusque dans les recoins sale de mon espace crânien…Furonculeuse face de mon père...comme une cerise sur un gâteau et sa gerbante crême...Foutre de vie et de mort ! Ses baffes dans ma petite gueule de moins que balle-peau de gosse à la crotte au cul en permanence...Sa rancœur, son dégoût pour ce petit merdeux bon à queue dalle…juste à pisser sur ses pompes...chier dans ses plates bandes, sur ses cols blancs de rond de cuir...glavioter sur sa tronche verdâtre de stupide et...rendre, dégobiller comme un soudard ! J'aurais du le crever, lui et ses boutons, pustuleux reflets de son âme glauque métaboliquement sordide, inadaptée. Bousiller un chiard comme ça sans même savoir, sans rien comprendre...Etouffé dans son fiel vénéneux...petites mesquineries quotidiennes de petites gens avec de petites idées...de petites vues...Pas d'amour jamais ! Ou si mal, si gauche, si misérable. Mais ma mère...son tourment ineffable...son courage et sa faiblesse. Tout accepter de l'homme...le mari...le chef de famille...le P...
Ça n'allait plus…tremblements glacés malgré les couvrantes et les pardessus du tonton, je me lève comme un damné…tabasse les chambranles…renverse tables, chaises…culbute l’Edouard qui veut me stopper ! Peur...froidure... Je cours, cours, perdu ! Les hideux visages issus de mon onirisme foldingue de forcené m’attaquent un par un, deux par deux…n’importe ! Ils m’assaillent, me poussent vers le néant ! Griffent et hurlent ! Pas de corps juste les faciès fantomatiques et déformés…J’aperçois des passants sans bouches ou sans yeux, des morceaux de rue grisâtres et sombres où par endroits le reflet pâle d’une Lune incomplète éclabousse les flaques d’un égout. Un quai ! Echapper, fuir, je plonge ! Pas eu l’temps d’apprendre la nage ! Je veux partir, trisser fissa, mourir…j’aspire le fond, je le bois, je le déguste, je le prends en moi pour arrêter la danse des visages.

SombreLune
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Top 10 Livres

Créée

le 15 nov. 2017

Critique lue 1K fois

18 j'aime

16 commentaires

SombreLune

Écrit par

Critique lue 1K fois

18
16

D'autres avis sur Mort à crédit

Mort à crédit
Chaiev
7

Tu m'as donné ta boue, et j'en ai fait de l'or

Allez, le gros morceau : essayer d'expliquer vaguement pourquoi on peut en toute objectivité trouver un livre bien, mais ne pas l'aimer pour autant. Ou l'inverse. Quand Celine balance au monde décati...

le 10 oct. 2011

68 j'aime

46

Mort à crédit
-IgoR-
9

Concerto pour détraqués

Alors que le silence se fait sur le monde et sur la vie de l’homme, il n’est que temps d’un regard en arrière. Une lointaine projection aux origines du drame, quand tout allait – déjà – si mal. Et de...

le 7 déc. 2014

52 j'aime

22

Mort à crédit
-Valmont-
9

Se prémunir contre l’enfer des rageux

Le médecin nous place d’emblée dans son univers horizontal, pandémoniaque, au seuil d’un dixième cercle dantesque, à moins que ce ne soit aux portes des Limbes. Jeunesse : dans une cage à lapin à...

le 23 mai 2018

43 j'aime

14

Du même critique

Never for Ever
SombreLune
10

Envoûté par la sorcière du son !

Est-ce que Kate Bush est une sorcière ? Oui ! Elle est une magicienne une grande prêtresse du son, du piano, des mélodies, des ambiances tour à tour éthérées, planantes, évanescentes voire surannées...

le 19 déc. 2015

27 j'aime

18

La Mort est mon métier
SombreLune
10

Les rouages de la solution finale

Que ce soit bien clair : préparez-vous à une plongée dans l'horreur ! La brutalité, la bestialité montrée, sans concession, sans pathos,sans arrondir les angles, sans rien cacher, sans se voiler la...

le 22 nov. 2017

26 j'aime

17

Alchemy of Souls
SombreLune
9

Le seigneur des â.........mes de l'orient

On croit avoir tout vu en matière d'Heroic Fantasy, on croit que la pureté de Tolkien est inégalable, on croit c'est pas demain la veille qu'une série fantastique va pouvoir détrôner, à tout le moins...

le 19 févr. 2023

22 j'aime

12