Au visionnage de American Hardcore un détail m’avait plutôt amusé, Keith Morris était le seul à parler du hardcore au présent et non pas à raconter des souvenirs d’une période révolue comme la plupart des autres intervenants qui estiment que le truc est mort quand ils sont passés à autre chose en gros. Être punk ne se conjugue pas au passé. La preuve est que le mec n’a jamais cessé de faire de la musique, de monter de nouveaux projets comme l’excellent OFF! en 2010 du haut de ces 55 ans. My Damage retrace donc la vie du bonhomme, élevé dans une famille typiquement américaine il trompe l’ennuie bien évidement en se tournant vers le rock’n’roll en général et le punk en particulier dès son plus jeune age et monte un groupe avec le guitariste le plus furieux de son entourage à l’époque : Gregg Ginn. Le reste de l’histoire tu la connais, du moins en terme discographique, reste la tonne d’anecdotes sur les débuts de la scène de Hermosa Beach et de LA, sur les débuts ultra punks de Black Flag, quand le groupe faisait tout pour pouvoir jouer live, depuis les teufs dans des jardins chez des vieux hippies jusqu’à se faire passer pour un groupe de jazz pour être programmé dans un fest sur la plage, le chaos derrière Circle Jerks, sa colloc avec Jeffrey Lee Pierce des mythiques Gun Club dont Keith à trouvé le nom en échange de riffs pour Groupsex, son amitié narcotique avec Anthony Kiedis des Red Hot Chilli Peppers, qu’il a remplacé lors d’un concert où se dernier avait disparu, des abus d’alcool et de coke jusqu’aux crises de diabète qui ont failli lui couter la vie au début de la décennie. Le style est super honnête, humble et ne manque pas d’humour et d’autodérision. Le côté punk n’est pas surjoué, le gars était juste ce qu’il était à une période ou tout était encore à faire, ça change de la mégalomanie de certains (coucou Harley Flanagan). Je pense qu’on peut remercier Jim Rulland pour avoir aider Morris à structurer son récit car comme il le dit lui même, tout n’est pas très clair dans sa tête vu qu’il a passé la plus grande partie de sa vie défoncé et il aurait été dommage de passer à côté de ce morceau d’histoire du hardcore. La fois où j’ai vu Flag (groupe de reprises de Black Flag composé de membres virés de ces derniers avec Morris au chant) j’ai eu le sentiment qu’ils dégageaient tous un truc rare, cette musique est la leur et même si on se l’ai appropriée par la suite, on ne sera jamais cette bande de gosses surexcités fans de Black Sabbath et des Stooges avec rien d’autre à foutre que d’expulser notre trop plein de rage en répétant 8 heures par jours.