Mais si, ouvrons les !

Lorsqu’un jeune marié découvre sa jeune épouse décapitée, le jour de leurs noces, on ne peut pas dire que c’est le plus beau jour de sa vie.
Pressé de poursuivre cette enquête qui stagne, Dave Gurney, policier à la retraite, n’accepte qu’à contrecœur. C’est qu’il sait qu’il va devoir louvoyer habilement entre une épouse qui, comme madame Maigret, se plaint des absences répétées de son mari et des enquêteurs officiels très peu enclins à le revoir reprendre du service.
De fait, à chaque réunion avec le procureur, Dave, leur apporte une nouvelle pièce qui obscurcit davantage le crime et démonte les conclusions d’une enquête bâclée, ajoutant encore à l’ire de ses anciens collègues.
Roman bien réjouissant que celui-ci, tout en finesse et cependant bien charpenté. Un récit linéaire classique où le lecteur suit les éléments de l’enquête au rythme de leur découverte, le plaçant dans la même position que les autres enquêteurs pleins d’un mélange de curiosité et d’appréhension, tant avec Dave, ce qui semblait évident ne l’est subitement plus.
Réjouissant également parce qu’ici, les personnages sont consistants et bien réels, comme on en campe rarement dans le polar. Rien ne sonne faux. Ni les silences, tellement éloquents, entre Dave et son épouse, Madeleine, ni les ressentiments de ses collègues les plongeant de plus en plus au rang de leur incompétence, ni l’amitié virile et maladroite entre Dave et son ex collègue Hardwick, ni même les sombres desseins qui animent le tueur, qu’on ne découvrira que tout à la fin comme dans les bons polars.
Sans renier le genre, ni même les scènes dures, il y a chez John Verdon quelque chose de plus que chez ses collègues romanciers sombrant trop facilement dans le trash pour le couple Camut-Hug ou le gore façon Mo hayder. Ajoutant à la force narrative d’un Bernard Minier, il s’attarde à la psychologie des personnages, à la Simenon et au souci du détail et du rebondissement final, à la Agatha Christie.
Du très bon roman policier.