Ici, l'auteur nous démontre sous deux grands axes, les plus grandes absences du combat politique moderne, l'idéalisme mystique et le courage antique.
Pour commencer, Péguy crée une distinction entre le mystique d'une idée et sa représentation dans le champ politique. Le mystique correspondrait au monde intelligible, l'idée sous sa forme la plus pure, et l'action politique illustre le monde sensible, ses instrumentalisations faites par l'Homme. Nous pensons que nous sommes nombreux à déjà avoir fait ce constat, la corruption immédiate des idées lorsqu'elles pénètrent l'échiquier du pouvoir. Aujourd'hui, certaines idées possèdent des étiquettes politiques. Par exemple, la thématique de l'écologie est toujours renvoyé à gauche et la sécurité à droite. La problématique ici est que l'Homme est un animal tribal. À partir du moment où les idées sont associées à des camps, les individus perdront leur objectivité sur celles-ci et préféreront s'attacher à la forme au lieu du fond. Concrètement, le citoyen défendra son camp idéologique au détriment du bon sens parfois dans le seul but de renforcer son identité et son appartenance à tel groupe.
De plus, comme dit l'auteur : "Tout commence en mystique et finit en politique". De nos jours, il n'existe plus de grande cause où les individus sont prêts à sacrifier leur vie pour faire perdurer telle entité ou conception de la vie. L'idée, l'idéal, le mythe, une certaine perception ou narration du monde, qu'ils soient fictifs ou pas, l'importance ne se trouve pas ici. Dans cet ouvrage, Charles Péguy insiste beaucoup sur la nécessité d'être galvanisé par une mystique (tous les éléments cités précédemment peuvent servir de synonymes approximatifs), et de surtout l'incarner. L'exactitude de celle-ci n'est pas essentielle, chaque Homme possède sa propre expérience et narration du monde, le tout est de savoir si elle est bénéfique à notre espèce.
Pour finir, abordons le sujet du courage et de l'obsession actuelle de l'éthos (réputation) chez nos contemporains. Comme le formulait Nietzsche : "Tous autant que nous sommes, nous ne sommes plus un matériau propre à la construction d'une société : voilà une vérité qu'il est temps de proclamer !". À travers l'affaire Dreyfus, il nous montre la tendance humaine de désigner un grand ennemi à l'origine de tous nos maux, de plonger dans l'état de : "l'homme du ressentiment". Cette issue est assez similaire à la première mentionnée, il est plus simple d'éviter les nuances en se fixant dans un cadre idéologique très précis ou bien de désigner une seule némésis à éradiquer. Nous avons particulièrement apprécié cette maxime : "Il faut toujours dire ce que l'on voit. Surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l'on voit.". Dans le cas où chaque personne respecterait cette ligne de conduite, la majorité des problèmes disparaîtraient subitement. Comme le témoigne l'Histoire, la bêtise humaine n'est pas liée à un peuple, ethnie ou une patrie, chaque entité possède un désir de poursuivre son existence et utilise tous les moyens possibles pour y parvenir. Dans votre vie quotidienne, si vous êtes passé par des boulots alimentaires, vous savez qu'il n'y a pas de facteur précis pour connaître la misère.
Pour conclure, cet ouvrage nous semble d'intérêt national et permettrait de faire gagner beaucoup de temps à la jeunesse dans leur parcours politique. Sortir de la victimisation trop fréquente de notre époque et comprendre que sur le champ politique, il n'y a que des intérêts. Dans cette France moderne, nous nous demandons quelle sera la prochaine mystique qui pourra rassembler à nouveau tous les Français, elle est plus que nécessaire et attendue !