Si Dieu est absent, alors tout est permis.

Honnêtement, ma critique sera une insulte envers cette œuvre, je suis dans l'impossibilité de transmettre mes ressentis de cette lecture. Elle sera donc très courte, je ne suis pas en capacité de lui rendre honneur. Donc pour commencer, lisez ce roman.


Ensuite, afin de vous transmettre une petite vue d'ensemble sur cette aventure transcendante, voici une courte présentation de ces protagonistes principaux :


- Fiodor Pavlovitch Karamazov, patriarche irresponsable qui conserve une once d'humanité au fond de ses abysses. Un homme vouant un culte à la jouissance des plaisirs du monde matériel, cette phrase décrit pleinement le personnage : "Après moi, le déluge." Malgré son mépris général pour le bien que la nature humaine est apte à engendrer, il existe un amour paternel chez lui qu'il ne peut nier. Malheureusement, cet amour ne se traduit pas à travers ses actes, la croix est trop lourde pour ses épaules.


- Dmitri Karamazov, fils aîné de Fiodor, militaire et homme s'efforçant de suivre le sentier du Bien malgré toutes les tentations de ses vices transmises par son père. Déchiré par toutes les passions composant l'existence humaine, à l'image de Sisyphe, chaque jour est un combat acharné pour revoir le soleil se lever. Voue une haine viscérale contre son patriarche puisqu'en lui, il aperçoit sa propre âme. Le rocher de Sisyphe pour notre Dimitri est sa foi en Dieu, conscient de son statut de pêcheur, il s'acharne à limiter sa corruption.


- Ivan Karamazov, athée et savant de la famille, il est l'homme semi-moderne de ce récit. Dévoilant un cynisme assez conséquent, il ne s'est pas encore laissé complètement dévoré grâce à la conservation d'instincts profonds. Tout au long du récit, il semble être extérieur au déroulé des événements de sa propre existence. Cependant, comme pour tout être humain, malgré la fioriture de l'abondance de son logos, le pathos ressurgit toujours à grand galop lorsqu'on essaye de l'étouffer.


- Alexéi Karamazov, personnage principal du voyage, moine et homme représentant l'archétype du Christ, s'y rapproche tout du moins. Il sera le pont entre les êtres humains, celui qui sonde les âmes, tout en ayant ses moments de faiblesse puisque né homme. Comme formulé par Dostoïevsky lui-même, c'est le héros de son histoire. Il représente un idéal à atteindre, un homme qui s'est saisi de sa croix afin de suivre le chemin tracé par le Christ, sans plainte, embrassant pleinement la condition humaine.


Ici, ce n'est qu'une brève présentation des personnages principaux, ce qui ne sous-entend à aucun moment l'inintérêt des intrigues secondaires. Triangles amoureux, découverte d'êtres torturés, plongeon dans la compassion humaine, ce récit regorge de trésors.


Au-delà de toutes ces histoires, l'âme russe nous transporte ici dans une expérience transcendantale. Des conversations enflammées entre Ivan l'athée et Alexei le moine, un échange entre le Christ et un inquisiteur espagnol du XVIe siècle. Cet échange, mon Dieu, votre souffle s'arrête net dès la première ligne, chaque mot ne cesse de créer des échos vous renvoyant à votre expérience de l'existence humaine. Honnêtement, je pourrai continuer, mais c'est inutile, ce roman explore littéralement chaque aspect de ce qu'on appelle "la vie".


Alors, sincèrement, je vous recommande au plus profond de mon être ce roman, et je ne peux que vous souhaiter, bon voyage cher ami.

Fidem
10
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le 5 mars 2024

Critique lue 20 fois

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