Hallucinations malgaches

Nour est l'amour de notre narrateur. Son amour perdu, tué par les forces coloniales. Nous sommes en novembre 1947. Depuis mars, Madagascar se soulève contre la puissance française. La répression bat son plein. Elle fera, selon les dernières estimations des historiens, plus de 11 000 morts de mort violente et entre 20 000 et 30 000 morts de maladie et de famine.

Le protagoniste a pris part à cette révolte avec Nour, sa bien-aimée. Maintenant qu'elle n'est plus, il ère avec pour seul but de s'éloigner de tout. Pour seul bagage, il emmène le corps de celle qu'il a aimé.

S'entame un délire fiévreux de 7 nuits pendant lesquelles le roman alterne entre l'histoire de Nour, celle de la Grande Terre et celle de notre narrateur : ses pérégrinations présentes et son expérience dans l'armée de Vichy pendant la seconde guerre mondiale. J'ai beaucoup aimé ces passages se déroulant dans la France de Vichy : l'incompréhension du tirailleur propulsé au milieu d'une guerre et d'une haine qui ne le concerne en rien.

Pourtant, il n'est pas ignorant des luttes de pouvoirs perpétuelles pour contrôler des terres, des Hommes car Madagascar en a eu son lot.

Il est parfois difficile de suivre ces histoires tant elles sont intercalées. Surtout qu'une fois encore, je dois admettre ma profonde ignorance en ce qui concerne Madagascar. Ce n'est qu'à la fin du roman qu'on entrevoit l'histoire de l'île et les événements qui ont frappé les personnages. Alors si vous avez l'impression de ne rien comprendre, persévérez : tout vous sera révélé !

Le roman est particulièrement remarquable pour son écriture, marquée par une poésie hallucinée. Elle n'est pas sans rappeler Céline par son coté déstructuré. Les styles alternent en fonction des histoires. On se laisse porter par la langue en attendant qu'elle révèle les secrets malgaches.

En bref, Nour 1947 n'est pas le livre le plus simple et le plus accessible. La lecture demande certains efforts mais ça en vaut la peine tant pour son originalité que pour sa poésie.