Le roman alterne entre le point du vue d'une israëlienne et celui d'une palestinienne.
A chaque chapitre, on passe de l'une à l'autre.
Elles se ressemblent physiquement, elle vivent dans la même ville de Jérusalem, elles se croisent. Le chapitre de l'une répond à celui de l'autre.
Le style n'est pas incroyable et le dénouement devient prévisible à la moitié du livre.
Mais la force de ce roman est de construire de façon très juste des personnages qui incarnent l'impossible réconciliation entre Israël et Palestine. Avec ces deux héroïnes, pleines de rêves, d'espoir et de jeunesse, on comprend pourquoi ce partage entre Israël et Palestine nourrit tant de conflits. Les deux filles ont des points de vue réconciliables à l'ouverture du roman. Elles sont toutes les deux jeunes, éduquées, chéries par leur famille aimante et ouverte. Elles recherchent la paix avec une naïveté et une fraîcheur bienveillante. Puis elles s'éloignent l'une de l'autre et s'opposent sous le poids de la famille, de l'histoire, de la peur alors que la violence explose dans leur quotidien (violence des colons d'un côté, violence des terroristes de l'autre).
Toutes les sensibilités politiques israéliennes sont représentées de façon très juste et c'est à la jeune héroine juive d'en faire la synthèse. Même chose pour son homologue palestinienne. Les points de vue présents dans les deux camps sont présentés dans leur complexité, se télescopent et se répondent les uns aux autres d'une façon fluide et vivante. C'est une belle prouesse mais c'est aussi peu désespérant. C'est l'illustration de comment la peur et la haine envahissent un coeur serein et bienveillant. C'est le poids de la famille, de l'histoire des peuples et de la violence. C'est l'illustration de la lutte continuelle (et souvent perdue) pour préférer la paix à la guerre et l'avenir au passé. C'est la faiblesse d'un individu plein de bonne volonté au milieu d'une société violente et en colère.