Jerome Klapka Jerome est un écrivain à redécouvrir d'urgence.
Les perfides Rostbifs ne sont pas avares d'humoristes de premier ordre. De Jonathan Swift à P.G. Wodehouse en passant par Thomas de Quincey, cette particularité toute britannique fait encore aujourd'hui les beaux jours de ma vieille pipe, de mon chat et de mon fauteuil vert défoncé tout en intriguant madame qui semble douter de ma santé mentale un peu plus à chacun des soubresauts que ma bruyante hilarité entraîne...
Parmi ces auteurs, Jerome K. Jerome est loin d'être le plus parfait. Il se laisse parfois entraîner un peu trop loin sur son sujet en oubliant en chemin son humour pessimiste si caractéristique, mais, dans l'ensemble, il ne faut pas lui en tenir rigueur, l'homme est si savoureux...
Issu d'une famille aisée ruinée, Jerome finit par faire tous les petits boulots qu'il décrit si bien dans ses ouvrages. En 1889, il a trente ans et se fait un petit nom avec l'excellent ouvrage dont je vous parle : "Pensées paresseuses d'un paresseux" qui traite certes de la paresse, thème majeur de l'auteur, mais aussi, de nourriture, de poisse, de cafard, d'amour, de chats, de mansardes et de la terreur que tout homme sain d'esprit éprouve pour les bébés.
Véritablement drôle, ce livre que je viens de relire m'a encore soutiré force éclats de rire et étouffements impromptus. J'ai aussi remarqué combien cet homme encore jeune, qui semble parler de lui comme d'un vieillard en fin de vie, est plus pour moi qu'un compagnon d'un soir, c'est un de ces frères rares que l'on rencontre bien peu.
La même année, Jerome K. Jerome connaîtra avec "Trois Hommes dans un bateau" un succès foudroyant qui cache encore de son éclat le reste de son oeuvre.
J'éprouve pour ma part une tendresse particulière pour l'écrivain inconnu des pensées paresseuses, et je ne sais si tous, vous la partagerez...
Et si la découverte du monsieur vous tente, foncez aussi sur son chef d'oeuvre inconnu : "Mes Enfants et Moi" écrit dans la sagesse de sa cinquantaine avec un humour toujours intact et un soupçon de tendresse qui fleure sous les restes de pessimisme du bonhomme.