Le livre commence directement par une citation de l'Apocalypse. On rentre, donc directement dans le vif du sujet, puisqu'il sera question ici du rapport des chrétiens (protestants et catholiques et dans une moindre mesure les orthodoxes) aux régimes totalitaires.
Si l'on peut aisément comprendre l'opposition du clergé orthodoxe, compte tenu des liens forts avec le tsarisme, aux bolcheviks, (sans compter les campagnes anti religieuses de ces derniers), il est beaucoup plus difficile d'analyser les rapports entre catholiques et fascisme en Italie, et protestants et nazisme en Allemagne.
Disons déjà que ce qui est frappant à la lecture, c'est la peur du communisme qui imprègne les milieux catholiques en Italie. Même lors des plus violents conflits qui les opposeront au régime fasciste, les papes et le clergé (même si il y a quelques exceptions) ne condamneront jamais directement le régime fasciste. Le nazisme, sera certes condamné, mais cela n'empêchera pas la signature d'un Concordat, que les dirigeants nationaux socialistes n'hésiteront pas à utiliser comme armes de propagandes sur les fidèles.
Pourtant, ce sont bien des intellectuels catholiques de diverses obédiences politiques qui inventeront le terme de "totalitarisme" (qui soit dit en passant, sera repris dans un sens mélioratif par les fascistes et les nationaux socialistes), pour désigner la "statolatrie" (culte de l'état) du régime fasciste italien, terme qui connaîtra après la Seconde Guerre Mondiale un immense succès.
Pour ces intellectuels, le lien entre le communisme en URSS, et les fascismes européens, se situent au niveau de la conception de l'idéologie. Elle reste, pour eux, empreinte d'une vision religieuse. Soit une idolâtrie de la race, soit une idolâtrie de la classe. Aussi, en terme d'histoire des idées, ce livre est particulièrement intéressant, puisque l'idée de religion politique, se développe dans le champ religieux (pour employer un bourdieusisme).
Cependant, il est dommage que l'attitude des fidèles, de la masse des fidèles, ne soient que peu abordés. On en reste à quelques grandes figures (bien entendu le pape en premier lieu). A noter toutefois, des pages intéressantes sur les Chrétiens Allemands, un mouvement qui professait un "christianisme positif" avec un Christ aryen.