Selon une légende populaire coréenne, la princesse Bari, jeune fille abandonnée, entreprend un long voyage à l’extrémité du monde pour trouver l’eau de vie permettant aux âmes mortes de retrouver la paix. Le roman de Hwang Sok-yong n'est pas une adaptation moderne de cette légende mais il y revient souvent, lors des visions ou rêves de son héroïne, hantée par les défunts trop nombreux qui l'ont laissée seule dans une existence errante et troublée. Princesse Bari raconte la dureté extrême d'une vie, de la famine en Corée du Nord au Londres de l'exil (sa famille a totalement disparu), en passant par la Chine. Un roman "mondialisé" qui serait tragique et sans espoir si Hwang n'y avait pas ajouté une dimension magique avec le don de voyance que possède son personnage principal, chamane à ses heures et guérisseuse des âmes. L'auteur coréen est un humaniste, effrayé par la violence du monde, qui veut croire encore à la solidarité et à la capacité de chacun de forcer son destin. Mais Dieu que la route est longue et escarpée pour arriver un jour à une forme de sérénité. Un livre éprouvant et parfois déconcertant, entre douceur et horreur, écrit d'une plume vive et délicate.