Drone de guerre
Pris de remord d’avoir délaissé le lyonnais DOA pendant de longues années, nous voici avec son dernier gros pavé entre les mains : Pukhtu. Le plus récent à défaut d’être le meilleur … Tout au long de...
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le 5 mai 2015
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Pris de remord d’avoir délaissé le lyonnais DOA pendant de longues années, nous voici avec son dernier gros pavé entre les mains : Pukhtu.
Le plus récent à défaut d’être le meilleur …
Tout au long de ces quelques 700 pages, DOA va décortiquer les mécanismes de la guerre US en Afghanistan.
Les ramifications et imbrications entre guerre(s) - au pluriel - et trafic(s) - au pluriel également.
Entre soldats de métier et milices privées.
Entre agences de renseignements et entreprises de l’ombre.
C’est passionnant. Non, plutôt : effarant.
Le fric, la drogue, les armes inondent les vallées et les montagnes, passent les cols et les frontières. Du Kosovo à Jalalabad via Dubaï.
De Kaboul à Peshawar via la passe de Khyber, voilà autant de noms familiers qui nous ont été serinés à longueur de JT pendant des années.
Nous sommes en 2008, peu avant l’aboutissement de la traque de Ben Laden.
Les scènes de guerre nous sont longuement et patiemment détaillées. La nouvelle tactique américaine nous est rendue transparente : en l’air, des drones pilotés à distance par l’armée US. Sur le terrain, sur place, des mercenaires et des supplétifs chargés de ‘marquer’ les cibles. L’armée ne se salit plus les mains.
Elle ne veut plus, elle n’en a plus les moyens.
[…] L'élan de privatisation de la chose militaire sans précédent
constaté à l'occasion des invasions de l'Afghanistan et de l'Irak. […]
Une double nécessité, le besoin de pouvoir prendre rapidement ses
distances avec les paramilitaires s'ils sont découverts et le manque
de moyens gouvernementaux disponibles.
Tout ce petit monde doit bien vivre et les subsides officiels ne suffisent pas.
[...] L'Afghanistan produit 93 % de l'opium mondial, un commerce qui
rapporte chaque année, d'après les estimations les plus
conservatrices, 3 milliards de dollars à l'économie souterraine du
pays, alimentant la corruption et finançant pour partie l'insurrection
talibane. […] Pour les hérauts du capitalisme, l'enjeu commercial
premier de ces deux guerres n'a jamais été la captation des richesses
des pays en question mais la guerre elle-même, source d'immenses
profits
Pour faire sérieux et documenté, DOA use et abuse des sigles des armes et des armées. C’est inutile mais cela ne nuit pas à la lecture. Y’a même un lexique pour les fans de AK.
On pourrait également se perdre facilement dans l’abondance de personnages, dans cette région où les patronymes afghans ou pakis ne donnent guère de repères.
Mais là aussi, le professeur DOA fait preuve de patience et s’est également fendu d’un répertoire.
De toutes façons, on reviendra fréquemment sur chacun de ces bonshommes, on prendra le temps de faire connaissance, de chapitre en chapitre. L’auteur est patient avec son lecteur parachuté en territoire inconnu.
Tout cela est bien entendu viril, vulgaire parfois, pimenté de sexe inutile et de violence gratuite.
Les mecs en mission là-bas oublient peu à peu les repères du monde et du genre humain : fallait pas s’attendre à voire les GI Joe disserter sur Spinoza. N’oublions pas qu’ils sont en mission pour nous, sur ordre officiel ou suggestion officieuse de nos gouvernements. DOA nous le rappelle.
Comme il nous rappelle la genèse et l’Histoire de cette guerre sans fin.
En dépit de tous ces centres d’intérêt, sans vraiment s’ennuyer, on trouve les 700 pages un peu longuettes, franchement répétitives et la déception est grande lorsqu’à la place du mot FIN, on découvre qu’il ne s’agit que du premier épisode d’une série …
Un gros pavé pour se caler la tête sur le sable cet été.
On pourra même le ressortir chaque année, puis le repasser à nos petits-enfants, c’est tout l’avantage bien compris de ces guerres du Moyen-Orient.
[...] - Comment se passe ta guerre, Gareth ? » Pour Montana, Voodoo a
toujours été Gareth.
- Bien. Elle est sans fin. »
- Ne le sont-elles pas toutes ? »
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le 5 mai 2015
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