Tout commence en 1917 à Jaffa, en Palestine ottomane, où Rachel, 12 ans, l’héroïne du dernier livre de Metin Arditi, grandit auprès de parents juifs séfarades et d'un frère de lait arabe. Une enfance heureuse qui est bouleversée par l’arrivée d’une sœur d’adoption : Ida, juive russe orpheline. La suite de Rachel et les siens ? Elle s'étend jusqu'à 1982, le récit se nourrissant des convulsions de l'Histoire, notamment celles d'Israël, et de péripéties nombreuses, pour l'héroïne du roman de Metin Arditi et ceux qu'elle aime passionnément, d'Istanbul à Paris, en passant par l'Amérique. Le livre assume son caractère foncièrement mélodramatique et très romanesque dans une fresque marquée par des ellipses audacieuses et de profonds portraits de femmes (les hommes sont en arrière-plan). Rachel, dont la passion est l'écriture de pièces de théâtre, est loin d'être un personnage unidimensionnel. Engagée et souvent enragée, son caractère ne souffre pas les compromissions mais aussi parfois les contradictions. Arditi va très loin dans l'étude psychologique de cette femme qui traverse le XXe siècle en usant parfois du mensonge pour ne pas blesser, au risque de perdre le précieux lien avec son pays et ce (ceux) qu'elle a toujours chéri. Il faut se laisser emporter par le mouvement continu et sentimental de la plume inspirée et d'une grande empathie de Metin Arditi, lequel, derrière le bruit et la fureur, semble rêver d'un Moyen-Orient apaisé où juifs, arabes et chrétiens vivraient en paix et en bonne intelligence.
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset pour m'avoir permis de découvrir Rachel et les siens en avant-première.