Avant de le lire, j'avais lu plusieurs critiques dithyrambiques sur ce roman. Alors, je suis peut-être passée à côté mais plusieurs choses m'ont dérangée dans cette oeuvre. Tout d'abord, le style était indigeste pour moi. Je veux bien relever l'effort stylistique de l'autrice dans son entreprise de création d'un langage qui s'affranchit des règles de grammaire de base du français, et qui cherche à retranscrire le parler rustre des hommes de la terre, peu instruits, mais à la longue j'ai trouvé ça extrêmement pénible à lire. Plusieurs fois, j'ai peiné à comprendre le sens de certaines phrases, cherchant une logique qui, finalement, ne doit pas exister.
Ensuite, je me suis ennuyée. On comprend vite que la vie de Paul est monotone et tourne autour de peu de choses. Mais faut-il vraiment 274 pages pour le faire comprendre ?
Et enfin, j'ai trouvé le propos d'une rare violence. J'imagine pourtant que c'est la réalité de certaines personnes dans ce milieu, mais cette indifférence à l'autre qui partage sa vie m'a choquée au plus haut point. Je lis ce livre directement après "Sa préférée", de Sarah Jollien-Fardel, qui transpire lui aussi la violence de bout en bout, mais ce dernier avec ceci de délicat que la langue était subtile, presque poétique, alors que dans "Rapport aux bêtes", rien ne vient alléger cet insupportable sentiment que sa femme ferait mieux de s'en aller, purement et simplement. L'histoire est difficile à dater, elle pourrait se passer aussi bien dans les années 1950 que maintenant, même si aujourd'hui cela me semble à peine croyable que des gens endurent ça (je me rends bien compte que cette impression est évidemment fortement biaisée par mon milieu). Je n'ai pas vu le changement de regard, promis par la quatrième de couverture, et peut-être bien que l'attente de celui-ci m'a laissé encore davantage un goût amer au moment de refermer cet ouvrage.