Bon ben, j'ai la réponse à la question que je me pose depuis ma lecture d'Armada ; Ernest Cline est un très mauvais écrivain, même en V.O.! Le mec a juste eu un coup de chance avec Ready Player One.
Autant commencer sans détour, Ready Player Two est un très mauvais livre. L'auteur réussi quand même l'exploit d'écrire une des pires fan fictions possible de son œuvre originale, ce n'est pas rien !
Parce que oui, j'avais bien aimé Ready Player One.
Au delà d'une prose générique au possible, beaucoup trop descriptive à mon goût (j'ai l'ai récemment retenté en audiobook et c'est encore plus flagrant), le construction narrative de R.P.O. m'avait diverti.
L'univers flattait mon côté geek et nostalgique, sachant que je n'ai rien contre me perdre quelques heures dans mon enfance perdue surtout si les ficelles de l'histoire se tiennent.
La gestion de la temporalité était tout à fait satisfaisante, je n'ai pas relevé de grosses incohérences et le parcours, certe classique, du héros contenait sa part de moment épique.
Le protagoniste était parfois borderline dans son aspect stalker mais, puisque ca reste de la fiction, j'aime bien les héros qui ne sont pas des paragons de vertu. Il y avait quand même un côté touchant dans son envie de se connecter maladroitement socialement pour lui qui n'avait jamais connu que des contacts virtuels. Et puis, il apprenait de ses erreurs, justement pour à la fin être plus ou moins correcte.
Bref : divertissant. Ni plus, ni moins.
Et puis, il y a la suite... enfin, l'espèce de fanfiction dans ce qu'elle a de plus péjorative qui sert de séquelle. Franchement, il ne manquait plus qu'une apparition des one direction...
Toutes, absolument toutes, les cases m'ayant fait apprécier le premier bouquin sont ici décochées pour ne laisser que l'écriture générique d'un scénario de série Z...
- Apprendre de ses erreurs ? Non. 150 longggguuues pages d'introduction pour remettre les compteurs à zéro (ou pire, changer les personnalités des gens, voir plus bas dans la critique) avec un héros n'ayant plus, cette fois, d'excuses dans son comportement de sociopathe.
- Une gestion du temps catastrophique : 150 pages étalées sur une temporalité de 3 ans sans autre intérêt que de donner un peu de background avant d'enfin rentrer dans le sujet... qui se résoudra en 12h de temps réel... Comment rétablir correctement en 12h des interactions entre personnages qui ce sont étiolées sur trois ans ?
- Le scénario principal est un genre de soft reboot du premier livre sans son 'epicness. une fan-fiction je vous dis. 12h pour résoudre une chasse au trésor oklm qui prend des années dans le premier, comment espérer faire plus intense ? L'auteur aurait dit ceci « Tout l'enjeu pour une suite est de ne pas raconter une nouvelle fois la même histoire tout en donnant aux fans ce qui a fait du premier volet une réussite ». J'avoue, il y a sept éclats à récupérer au lieu des trois clés de la dernière fois, ca n'a rien à voir....
- Même combat dans les enjeux... on réintroduit quand même tous les problèmes de la planète qui meurt tout ca pour finalement les oublier totalement dans la suite avec une fin... dont je ne vais pas spoiler mais qui ne résout rien à ce niveau. Je pense que la situation est même pire en faite.
- Allez, passons à la nouvelle chasse au trésor... comme dans le premier mais en plus rapide et en moins bien. Censée être beaucoup plus difficile alors que tous les éléments montrent que pas du tout...
Dans le premier chaque épreuve prend un temps considérable pour être résolue et les personnages n'y arrivent que grâce à leur connaissances pointues des univers qu'ils ont acquises avec le temps. Ici, exit tout ce build-up, ils parviennent à vaincre des épreuves censée être infranchissables en un seul essai et, du propre aveu des personnages, sans connaître l'univers qui sert de toile de fond.
Parlons en d'ailleurs des nouvelles toiles de fond car dans l'énorme foisonnement de références pop culture geek du premier même si je n'avais pas toutes les codes, la plupart m'ont parlé. On restait quand même dans les références "grands publics". Et je pense, qu'a moins de n'avoir absolument aucune culture geek (mais alors c'est même pas la peine de tenter le livre), une grosse partie est au minimum familière.
C'est fini tout ca dans le deux... plus d'OASIS remplie de planètes contenant tous ce qui a jamais été créée, non ma p'tite dame, ici, il ne sera véritablement question que de trois environnements différents (tous dans l'OASIS, fini aussi le monde extérieur) etttt c'est pas les plus connus...
On va quand même chercher super loin dans la sous-culture pour ressortir des anecdotes vraiment obscurs.
Faire un score parfait à Pac-Man, ca me parle. Superman, Godzilla, Wargames, Blade Runner, Dongeon & Dragons, les MMORPG, c'est mon enfance/Adolescence. Par contre, des explications sur ce qui aurait du être la véritable fin de Pretty in Pink, ca ne me touche absolument pas... quelqu'un a vu Pretty in Pink ? Quelqu'un pourrait me dire de quoi ca parle sans explications ? Réjouissez vous... après 50 pages dedans vous saurez tous dessus...
En résumé, une construction narrative totalement au fraise.
Je vais passer sur la fin car je ne voudrais pas spoiler mais c'est vraiment n'importe quoi... on fini dans le délire de fantasme absolu... je répète "Fan fiction".
On va terminer sur deux aspects que je ne peux pas dissocier, le virage à l'ultra gauche de l'œuvre et les réactions des personnages. Car oui, on est dans un bouquin voulant se rattacher aux valeurs ultragauchiste en vogue dans l'Amérique actuelle (racisme, orientation sexuelle, féminisme,..). Alors soyons clair, je ne donne pas de jugement sur ces valeurs, ce n'est pas le but ici. Mon problème est qu'on sent quand même rapidement qu'Ernest Cline n'y croit pas vraiment, elles ne sont là que pour deux raisons :
- Rectifier le tir par rapport aux critiques du premier
- Les utiliser pour rentrer dans les cases actuelles dans un but de ventes mercantiles
C'est vraiment ca qui me dérange. Faire semblant de défendre certaines convictions alors que tes personnages sont remplis de contradiction fleurant bon l'artificialité.
C'est bien beau de défendre la place de la femme dans la société alors que ton héroïne principale qui semble avoir certaines convictions va les lâcher aux bouts de quelques heures pour son amour d'un sociopathe et ne même plus les mentionner à la fin.
C'est bien beau d'avoir un personnage de couleur et gay critiquant les films massivement blancs des années 80-90 mais j'y aurais probablement plus cru si dans R.P.O. le même personnage n'était pas une fan absolue de cette culture en plus d'être un rôle hyper secondaire ici.
Et c'est encore une fois bien joli de faire de Halliday, qui avant était un génie un peu original mais attendrissant, une espèce de misogyne
un fou psychopathe ayant volé le travail (et le reste) d'une femme en fait
alors que ton héros en plus d'être blanc, homme et hétéro est par moment autant borderline que le nouveau Halliday en question.
Et choppe accessoirement la gonzesse "indépendante" à la fin grâce à sa personnalité équilibrée visiblement
Bref, se revendiquer de convictions que l'on ne partage pas juste pour faire plaisir est vraiment quelque chose qui m'horripile. j'appelle ca de la lâcheté en plus de faire paraître les protagonistes sacrément hypocrite.
Au final, j'ai mis "3" mais uniquement parce que par moment, pendant quelques pages, je me suis souvenu de Ready Player One... Une espèce de nostalgie de la nostalgie en somme.
Heureusement qu'il n'y avait pas de player 3 sur les anciennes consoles...
Edit : je viens d'apprendre la mise en chantier d'un Ready Player Zero... KHAAAN!!!!!!!