Jónas a quitté Reykjavik pour le chalet de l’oncle de sa femme, Anna, quelque part dans l’est de l’Islande. Il bricole un peu entre deux excursions à la supérette du village, et garde une oreille attentive à tous les bruits qui l’entourent, qui lui inspirent constamment de petites mélodies qu’il note dans un carnet. Rien de tout ça, bien sûr, ne saurait tout à fait lui faire oublier ce qu’il cherche à fuir : son travail idiot et avilissant de publicitaire, et les difficultés qu’il rencontre dans son couple.
J’ai eu le sentiment avec Requiem de lire une version simplifiée de l’Autre nom de Jon Fosse : la même solitude, la même fixation sur la matière qui fait l’art (la musique ici, la peinture chez le héros de Fosse), les mêmes rapports distendus et pourtant lourds de sens avec une poignée de personnages presque sans chair. On est certes bien loin de la puissance hypnotique de l’écriture de Fosse, mais Requiem est un petit roman dont la mélancolie s’avère entêtante, comme les trilles des oiseaux qui inspirent certaines mélodies de Jónas, et j’avoue avoir trouvé particulièrement reposante - à défaut d’être inoubliable - la petite heure passée en sa compagnie dans ce paisible coin d’Islande.