La fin d'une guerre contre les machines. LA guerre contre les machines. L'humanité doit renaître de ses cendres. Près de la carcasse fumante de ce qui fut Archos, l'entité artificielle intelligente, maître de cérémonie, chef d'orchestre du soulèvement des machines contre l'homme, Cormac Wallace se retrouve en possession d'un cube qui s'avère être la boite noire rassemblant une partie des faits essentiels du déroulement de cet apocalypse mécanique, de la chute de l'être humain à son redressement. Pour l'Histoire, pour le devoir de mémoire, Wallace entreprend d'écrire ce déroulement. Et l'histoire commence.
La boite noire. Ce livre en est une, relatant, condensant, s'imbibant de la majeur partie de ce qui a construit la science fiction robotique du siècle passé, des Robots d'Asimov aux récits de Philip K. Dick en passant par Ghost in the Shell et Terminator, la lecture de ce livre nous balance un énorme pot pourri de toute une culture livresque comme filmique condensée en une histoire certes extrêmement convenue et classique mais totalement jouissive et plaisante.
J'ai franchement beaucoup aimé, même si chaque paragraphe recelait d'images me venant de mes précédantes lectures ou visionnages. Principalement de visionnages d'ailleurs, roman actuel oblige, nous sommes dans quelques chose nourri par l'image. On y retrouve du Terminator évidemment, tant dans certains personnages que dans le développement sur les machines, mais aussi une bonne dose de 2001 L'Odyssée de l'Espace, du Starship Troopers aussi, un zest de Blade Runner et une dose de Star Wars pour pas mal de Planète Hurlante (mieux vaut lire la nouvelle de Dick "Second variety"), quelques doigts d'Apple Seed et une bonne poignée de Ghost in the Shell voir même de Patlabor, un peu de Gunnm aussi, du Tetsuo "The Iron Man" et de l'A.I. puis une pensée qu'on s'empresse vite d'éviter pour I Robot à laquelle on a envie de dire qu'on préfère de loin se rejeter sur les vrais écrits d'Asimov. Ersatz de T-800, Tashikomas et HAL se sont donné rendez-vous avec beaucoup d'autres pour s'en donner à coeur joie dans ces pages.
Un livre qui regroupe ce qui fait la vision du robot moderne, de l’androïde intelligent, serviteur élaboré de l'homme, de plus en plus performant et dévoué et de toute la question métaphysique sur l’intelligence artificielle, sa justification, son droit à "être" et à "penser". Un livre simple, classique qui ne s'encombre pas de descriptions techniques imbuvables comme le faisait par exemple une de ses multiples sources d'inspiration, Masamune Shirow qui remplissait les pages de son Ghost in the Shell avec d'avantage d'astérisques technologiques que d'histoire.
Un récit qui se lit tout seul pour un excellent moment à passer pour qui veut s'éclater en retrouvant l'ambiance des films sur le sujet, toutes cultures confondues, sans vouloir absolument trouver ici le nouveau Isaac Asimov ou Philip K. Dick. De la science fiction moderne alimentée par une culture hollywoodienne généreuse qui n'a pas le charme d'un âge d'or déjà loin, embrassant ses modèles pour tenter de faire du nouveau et de l'attrayant avec un mélange de tout ce qui existe déjà. Et bizarrement, ça marche très bien. Pas le nouveau, mais l'attrayant. Captivant, voir très captivant, bon comme une bonne série B réussie, teinté d'un rien de réflexion derrière ce voile imposant cinématographique suintant la commande pressante.
Rien de nouveau, rien d'exceptionnel, rien que de l'ordinaire qu'on se plait à retrouver dans ce style fluide et efficace. Venant de fermer le bouquin après son final endiablé, je met direct un 8 d'enthousiasme qui, je le sais déjà, vaudra un 7 dans quelques heures. Puis peut-être un 6. Et puis pourquoi pas un 5... (mais c'était un moment sympa).
Maintenant, j'attend le vrai retour de Spielberg.